Soutenance publique le 7 février à 15 h
Vernissage jeudi 7 février à 17 h
Halles Mazérat – 2 cours Victor Hugo – 42000 Saint-Étienne
Égrégore – Le designer, le politicien et la sorcière, est la présentation d’un DSRD développé durant trois années au sein du Cycle Design Recherche (CyDRe) de l’École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne. Cette recherche s’inscrit dans un cursus de recherche basée sur la pratique, le DSRD, format de diplôme en cours d’expérimentation à l’Esadse depuis 2015, offrant une alternative à la recherche universitaire qui privilégie majoritairement les écritures scientifique et théorique. La recherche prend la forme d’une installation et de son activation lors de la soutenance prévue le 7 février 2019 à 15 heures. L’installation abordera quatre projets de recherche développés entre janvier 2016 et décembre 2018, dont les communs dénominateurs sont la production en collectif, l’engagement politique et la puissance d’agir sur le réel.
Camille Lamy
Diplômée en design d’espace de l’École Supérieure d’art et design Marseille Méditerranée, inscrite au CyDRe depuis janvier 2016, Camille Lamy situe sa recherche et sa pratique au croisement du design, de la performance et des nouveaux médias. Son travail porte sur les formes et outils de rassemblement, d’occupation et de revendication dans l’espace public et sur le web, à travers le statut de designer-citoyen et de citoyen-designer. Sa pratique du design se mêle à son engagement d’activiste et produit des formes expérimentales au service de la revendication, de l’empowerment des individus, de la pensée collective, et de l’action directe. Camille Lamy explore les potentiels d’agir du collectif et invente formats et outils de révélation des formes du pouvoir.
Durant les trois années de recherche passées au CyDRe, c’est par une pratique située dans les enjeux contemporains que Camille Lamy a pu contribuer à la revue Azimuts, au Sommet Mondial du Design de Montréal (2017), aux journées d’étude Outsiders (2017) et Design Digressif (2018), au Design Fiction Club #7 (2018). En 2017, elle intègre le Laboratoire sauvage de recherches expérimentales Désorceler la finance, co-fonde le laboratoire sauvage Le Grand-Écart et le collectif WAAR. Elle est également co-productrice des expositions La gueule de l’emploi et La table des négociations lors des 10e et 11e éditions de la Biennale Internationale de Design Saint-Étienne, où elle a présenté certains de ses travaux. Camille Lamy prépare actuellement un Diplôme Supérieur de Recherche en Design (DSRD) qu’elle soutiendra en février 2019 à Saint-Étienne et qui retracera le parcours de ces trois années de recherche et d’activisme, et pendant lesquelles elle a tenté de révéler une certaine in-tranquillité du design.
Résumé de la recherche
Le travail de Camille Lamy se situe dans un contexte de mutation de la pratique du design, de redéfinition et de recherche d’émancipation de son contexte historique — qui l’a lié à la production industrielle et à l’économie capitaliste. Cette mutation qui vise des formes « engagées » de design a vu émerger différentes pratiques : design critique, design spéculatif, design fiction, design social, design pour le changement, design de politiques publiques, etc. Chacune en leur genre, ces nouvelles pratiques promeuvent un design qui ne soit pas au service d’une certaine idée du progrès ou d’un utilitarisme primaire, mais qui puisse aussi se constituer en outil de critique, de réflexion, de questionnement et de mise en débat, de pouvoir d’agir. Face à l’urgence de changer nos manières de produire et de consommer, de dépasser un paradigme économique où les discours dominants des experts et des dirigeants semblent se confondre irrémédiablement avec la langue de bois ; face à l’urgence de retisser des liens entre nos vies et ce(ux) qui les contrôlent ; face à l’urgence et à la nécessité de décloisonner la connaissance et de briser les modèles hégémoniques ; considérant que la solidarité ne va pas de soi et qu’elle est soumise à l’air du temps, que l’enchevêtrement de problématiques à échelles multiples crée une complexité de moins en moins saisissable et de moins en moins intelligible paradoxalement, il devient aussi difficile d’affirmer une position que de n’en prendre aucune. Un sentiment d’immobilisme, d’impuissance et d’empêchement semble nous avoir tout.e.s atteint.e.s. Pourtant, quand l’action se joint aux mots et aux formes, s’ouvrent des hypothèses performatives efficaces. Par l’humour et l’ironie, par le récit, la performance et par les pratiques collectives, cette recherche expérimentale en design à pu se frayer un chemin à travers des sujets et questionnements politiques et sociaux. Ce diplôme interroge donc les conditions, les enjeux et les limites d’une telle pratique dans le champ de la recherche et du design.
Membres du Jury
Marc Monjou, théoricien du design, directeur éditorial de la revue Azimuts et responsable de la recherche à l’Esadse
Mark Etc, artiste, activiste, fondateur et directeur artistique de la compagnie Ici-Même [Paris].
Lucile Haute, plasticienne, docteure en Arts plastiques, maîtresse de conférence en design à l’Université de Nîmes, chercheuse associée à EnsadLab.
Emanuele Quinz, historien du design et curateur, docteur en Esthétique, sciences et technologie des arts, maître de conférences à l’Université Paris 8 et chercheur associé à EnsadLab.