Noé Herbert

J'ai réalisé deux bas-reliefs à l'atelier alors que je travaillais en parallèle sur deux séries de dessin sur papier. Ici, il y a un passage du geste tracé au crayon à un tracé à la machine qui s'inscrit dans l'épaisseur de la matière : celle de deux plaques de MDF récupérées, que j'ai entamé à l'aide de machines et d'outils. C'était l'occasion pour moi de sortir de l'échelle de la feuille de papier, pour voir. L'une est accrochée à la cimaise, l'autre y est adossée.

Ces bas-reliefs suggèrent l'esquisse d'une forme de monstre, de figure nourrie d'une imagerie surréaliste. Les gestes que j'applique sur les plaques sont élémentaires : des lignes imprécises tracées à la défonceuse, des coups de ciseaux à bois qui traversent la plaque, un contour profilé à la scie sauteuse.

Cette somme de gestes que j'effectue donnent lieu à deux formes qui fonctionnent comme un ensemble. L'une contient un degré de figuration supérieur à la seconde où il ne reste que le rapport physique à la plaque. Le corps et l'oeil de celui qui regarde butent sur la physicalité de ce volume entamé, produisant l'étrangeté d'une image en flottement où surgit la question de la surface et de l'épaisseur.