Emilie Ducat

Suite / Ces vieux livres sur l'étagère du haut, celle qui prend la poussière & les captures de ce film dont on ne se souvient jamais du titre

Il y a des objets usagés, discrets, marqués par le temps. Parfois, accumulés, gardés comme de petits trésors. Parfois, prêts à sombrer dans l'oubli. Ce sont ces objets collectionnés, auxquels on s'attache, même si on ne les regarde pas. Ceux en fin de vie, conservés, tout en sachant qu'ils ne nous serviront plus. Puis, il y a des images provoquées par ces objets. Produites d'une multitude de banques d'images qui génèrent l'espace visible et l'espace imaginaire. De voyages faits, de films vus, de livres lus, de médias, formées par des échanges verbaux et gestuels avec son entourage, des images associables à de micro-souvenirs possiblement périssables qui, pourtant, persistent et, lentement, se déforment, dû à d'autres images absorbées continuellement, dans un processus automatique qui ne s'arrête jamais.

Suite pourrait être l'appellation d'un ensemble de pièces où des associations de ces objets à ces images sont possibles, où il y a des passages d'une peau à une nouvelle peau, d'une carnation à une autre, d'un pigment à un pigment plus sombre, entre volume et surface plane. C'est une collection dont des formes sont redites, ré-écrites, dans une sorte de cycle où une peinture emmènerait à une sculpture qui conduirait à une vidéo qui, elle,raccompagnerait à une peinture, encore. Un travail d'extraction d'un espace intime, vers un contexte domestiqué autrement, l'espace de l'atelier, l'espace d'accrochage où des pistes, des raccords fictifs, de fausses petites histoires peuvent se mettre en place.