Isabelle Rolin

Le design par son association avec le marketing, et plus généralement avec le consumérisme, n'est-il pas en train de devenir obsolète par son non-engagement ?
En effet, dans certains usages, services, objets ou erreurs, il place l'Homme dans de nombreuses situations absurdes. Dans ce contexte, doit-on accepter tout ce qui est produit ? Ne pouvons-nous pas, alors, réorienter le design pour en faire une discipline qui a quelque chose à dire ? Un design critique, fictif, engagé et enragé.

Par l'emploi du design comme outil critique, il devient alors métaphore, satire de la société, caricature de l'Homme dans ses excès et ses défauts. À travers la fiction, la critique ne devient-elle pas constructive ? Jusqu'à quel point peut-elle s'inscrire dans le design ? Quelles différences entre prospective, fiction et innovation?


Comment assumer un design qui ne prend pas en compte le retour critique que lui renvoie la société de lui-même ?
Prélevons les paradoxes, cultivons-les, poussons l'absurde à son paroxysme, utilisons cet "abime tragique du non-sens" pour prendre position, pour exprimer notre besoin légitime de critique et de questionnement, rendons aux objets leurs pouvoirs d'imagination, de narration, d'expression, regardons différemment.


"Je tire ainsi de l'absurde trois conséquences que sont ma révolte, ma liberté et ma passion." Albert Camus, Le mythe de Sisyphe.