Vivace
Dont il est difficile de se défaire, qui persiste longtemps et avec force.
Qui est doté d'une forte vitalité, qui est bâti pour vivre longtemps.
Pourquoi continuer à photographier ?
Que restera-t-il ?
La photographie, souvent perçue comme un moyen de capturer l’éphémère et de le rendre éternel, peut également être envisagée sous un autre angle : celui de la vitalité. Le concept de photographie vivace émerge lorsque l’on considère la capacité d’une image à perdurer dans le temps, non pas en raison de sa nature immuable, mais plutôt desa forte vitalité, de sa capacité à évoluer et à s’adapter aux changements de notre environnement.
L’élaboration de techniques naturelles devient une alternative à la surconsommation d’images contemporaine. La photographie devient un retour au plaisir de prendre son temps, de créer une image qui capte non seulement l’instant, mais aussi le processus. C’est une résistance à la rapidité du monde moderne, une lutte contre la superficialitéde la surconsommation visuelle.
Dans notre société contemporaine saturée d’images, où la surconsommation et la rapidité de circulation des informations prévalent, il est nécessaire de remettre en question la quête d’éternité souvent associée à la photographie. L’image photographique est un élément que l’on peut penser durable mais qui peux voir sa forme physique et son discours évoluer parfois jusqu’à sa disparition. La photographie devient une matière vivante, capable d’évoluer de manière autonome. Plutôt que dechercher à figer l’instant, pourquoi ne pas embrasser l’impermanence et créer intentionnellement des images destinées à s’estomper avec le temps ?
Ma réflexion ne se veut pas seulement esthétique. Elle émerge de la constatation de l’épuisement des ressources nécessaires à la production d’images. Il s’agit donc d’approprier l’acte photographique, non pas seulement comme une capture, mais comme une véritable fabrication, un geste délibéré. La relation à l’objet photographique revêt une importance particulière dans cette démarche. J’explore la manière dont nos objets quotidiens peuvent devenir des vecteurs de mémoire, témoignant de notre histoire et contribuant à notre construction identitaire. La collection d’objets photographiques devient alors le reflet de notre rapport au temps, oscillant entre le désir de préserver et l’acceptation de la transience.
L’acte photographique lui-même est également scruté sous un nouvel angle. Plutôt que de se concentrer sur le résultat final de l’image, nous nous attardons sur le geste de coupure/capture,sur l’interaction entre la lumière, l’environnement et la matière photographique. L’enfermement de l’image dans la boîte noire devient métaphore de notre désir de capturer l’instant, tout en reconnaissant sa fugacité inhérente.
Au-delà de cette réflexion théorique, ma pratique photographique se veut expérimentale et engagée. Je joue avec les limites du médium, explorant de nouvelles techniques et matériaux pourdonner vie à mes images. Par exemple, l'élaboration d'une chimie naturelle oùle révélateur chimique non-recyclable est remplacé par une solution naturelle et jetable à base de plantes, ou encore l'utilisation du procédé de l'anthotype. Je témoigne de la vie d'un espace à travers la vie d'une image, utilisant la matière vivante pour créer des œuvres évolutives, en constante interaction avec leur environnement.
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© Photographies par Orane Mondani et Pierre Grasset