Praesentia est un environnement dans lequel résonnent différents
espaces et leur matérialité.
J'explore des lieux, à la recherche de l’Absent. Je cherche, le
moment où mon regard va se porter sur les surfaces des sols, des roches, des
minéraux, les couleurs.
Les déserts, les grottes, les salines, les volcans d’Auvergne.
Je vais sur ces sites, je réalise un travail d’images , j’étudie
les textures que je cherche ensuite à reproduire sur mes pièces.
Les sculptures, les images, les tissus deviennent des “poteaux
d’angles” , terme que j’emprunte au poète et écrivain Henri Michaux. Ces
sculptures sont les témoins de ces espaces que j’ai exploré, expérimenté. Sur
les conseils d’Henri Michaux :
«Aller vérifier, c’est aller voir de ses propres yeux. C’est aller
au dedans (en tel ou tel point du dedans) pour expérimenter soi-même ce qui
survient. C’est planter dans sa propre existence des ‘poteaux d’angles’ ”.
Mes objets questionnent autant la matérialité que son
image, à l’image du désert et de son mirage. Le mirage est ce moment où la
matière se dilue, une griffe de la réalité, là où la matière devient image.
C’est dans ces images que je m’approprie la notion d’imaginat
telle que la définit le philosophe Henri Corbin, un élément, un moment, où
l’objet vient être déplacé, entre le monde sensible et le monde des idées.
Comme dans un mirage, je crée, par le médium de la vidéo, une
confrontation entre l’objet et son image.
Un objet réel et palpable, et son reflet, inexact,
où la matière se dilue et évoque sa forme, sans se limiter
forcément à celle-ci.
C’est à ce moment que j’explore la métamorphose de l’objet
sculpture.
Le tout devient preasentia, idée développée par George Didi
Huberman : l’espace devient témoin d’un lieu, un lieu où il s’est passé quelque
chose, des objets qui témoignent d’un passage. Un lieu perçu comme vide, mais
dont ce vide porterait la marque d’une présence passée ou imminente.
© Fabrice Roure