Ce
diplôme est un projet collaboratif réalisé par Axelle Fortin et Naomie Rubiero.
Pouvons-nous proposer une alternative à la façon dont sont consulté·ées les
habitant·tes d’un quartier dans un projet d’aménagement de l’espace public ?
Nous avons expérimenté une démarche de design ancrée sur le square Victor
Schoelcher à Saint-Étienne. Notre méthode a été de procéder par observation,
par écoute et par invitation, dans l’optique d’exprimer la diversité des usages
de ce lieu. Mûrier platane est le nom de notre collectif à travers lequel nous
présentons un projet d’aménagement et une posture de design qui porte attention
à des habitudes et des récits habitants pour faire naître des envies et des
désirs.
Nous
nous insérons dans une typologie de projets en design situés et collectifs.
Nous avons considéré qu’interroger le commun et la dimension participative dans
la construction d’un espace public nécessitaient des approches, des compétences
et des réponses plurielles, d’où la formulation d’un projet en duo. L'idée de
travailler en duo fait partie du projet. Il y a ce dialogue que nous mettons
en place au sein de notre duo qui facilite celui que nous cherchons à
introduire avec les habitant·tes.
Pour
le projet que nous avons développé, notre démarche centrée utilisateur
s’inscrit dans une phase de projet dite de programmation. Cette démarche vise à
appréhender l’identité du square Victor Schoelcher que nous avons défini comme
un écosystème composé de trois éléments : les habitant·tes, les usages et le
contexte. Notre objectif était d’entrer en conversation avec cet écosystème.
Pour
cela, nous avons mis en place des dispositifs et des outils. Cela nous a permis
d’identifier les signes du quotidien et de composer avec le “déjà là”, les
habitudes, les récits, les mémoires qui s’y développent pour nous faire accéder
à une connaissance intime de cet espace. Nous avons pratiqué une forme
d’entrisme qui nous a permis de recevoir des idées, des projections, des envies
de la part des habitant·tes devenu·es méfiant·tes et frileux·euses par la
surabondance de sollicitations de la part de la ville et de l’Établissement
d’Aménagement Public de Saint-Étienne pour aménager leurs square.
De
cette acculturation, nous avons fait émerger des hypothèses. Ces hypothèses,
nous avons voulu les proposer aux habitant·tes, esquisser des utopies
créatrices de pensée. Elles représentent des usages et des pratiques du lieu à
la fois actuelles et potentielles que nous avons matérialisé en neuf images.
Nous avons considéré ces images comme des objets de rencontre. Nous avons
choisi d’utiliser l’imaginaire lié à la carte postale et ainsi introduire une
relation épistolaire avec les habitant·tes. Certain·es habitant·tes ont tenu à
conserver des cartes chez eux·elles, ce qui nous a permis d’identifier, en plus
de nos conversations, quelles étaient les utopies les plus désirables. Ces
aller-retour entre nos hypothèses et les habitant·tes nous ont permis
d’extraire trois scénarios : une réflexion menée autour de la traversée du
square, une fiction que nous avons développé autour du “parc aquatique
Schoelcher” et pour finir, la fête des voisins.
Ce que nous avons tenu à expérimenter relève à la fois de la formulation
de propositions d’aménagement, et d’une méthode de recherche et de
documentation auprès des usager·ères d’un lieu. Nous définissons cette
démarche, que nous avons nommée enquête appât, comme une posture de présence
quotidienne sur le lieu permettant de récolter de la donnée tout en cherchant à
susciter de l’intérêt et à entrer en conversation avec les gens.
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© Fabrice Roure
© Axelle Fortin et Naomie Rubiero