La vidéo est un média qui, depuis
sa création, évolue perpétuellement en changeant de système
d’exploitation. Avec l’essor de la
numérisation, les images vidéos s’accumulent. Les contenus sont tous
dématérialisés, stockés dans des disques durs et on en oublierait presque leurs
existences. Alors pourquoi attache-t-on tant d’importance à garder
des traces vidéo de nos souvenirs si nous les oublions ? Et quels sont les utilités et le statut des vidéos souvenir
? Séance souvenir propose un dispositif de
visionnage, à l’échelle d’un petit théâtre d’objet, qui permet de redécouvrir
ces images avec douceur et pudeur.
Ce dispositif interactif questionne la valeur des souvenirs filmés
en donnant matière et corps à ces vidéos. Celui-ci est composé de plusieurs
outils : des objets permettant de régler la disposition de la projection, comme
la cage de vidéo-projection et le tapis de réglage, et d’autres outils,
permettant de réceptionner et transformer l’image en mouvement. Sous forme
d'écrans manipulables aux échelles et formes variées rappelant l’esthétique des cadres photos, l’utilisateur.rice
peut interagir avec son souvenir, en cadrant le film selon sa volonté. L'image
se déforme et réagit par analogie entre les cadres filtrants et les cadres opaques.
En augmentant leur vidéo par un niveau de lecture
passant par l’objet, les utilisateur.rices réactivent avec douceur des souvenirs oubliés qui peuvent
troublés, être touchant ou même désagréable.
À l’instar de la progression actuelle des
systèmes vidéo, qui visent à numériser le plus de contenu possible, ce projet
propose un chemin inverse en imaginant un contexte de projection
cinématographique à l’échelle du souvenir, à l’échelle de notre corps. En
interagissant avec, l'utilisateur.rice contribue à modifier la lecture
prédéfinie par le film de son passé. Car si la photo a toujours eu sa place matériellement dans les
espaces intimes, affichée sur les murs ou présentée sous forme d’album, quand
est-il de toutes ces vidéos ?
À ce jour, ce dispositif trouve application à des fins scénographiques
et muséographiques mais également sous forme d'atelier pour sensibiliser un
public visé au rapport à la vidéo et aux archives. Il facilite également
le visionnage à plusieurs d'un souvenir commun.
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© Fabrice Roure
© Juliette Broussolle