Cette proposition déploie dans l'espace plusieurs dispositifs
audiovisuels et performatifs qui opèrent des dynamiques bouclées.
De par l'utilisation de technologies dites « obsolètes » ou « low-fi », des systèmes de rétroaction ou
d'amplification (larsens) convoquent ces médiums afin de leur permettre de
créer leur propre matière (« bruit » lumineux et sonore) tout en
jouant avec l'aléatoire du moment présent.
Une télévision cathodique passe en boucle des tourbillons de
neige climatique, tandis que des magnétophones enregistrent en direct et
diffusent en différé les sons ambiants. La bande magnétique se désagrège
lentement par frottement contre les têtes de lecture et connaît dans le même
temps un effet d'overdub qui la révèle telle un palimpseste sonore,
finissant par condenser en un son uni la somme des tonalités enregistrées.
Au même moment, dans la salle de régie, un performer module un
larsen vidéo crée par une boucle de rétroaction connectant ensemble caméra et
vidéoprojecteur. Le « bruit » visuel obtenu crée des nappes colorées et
mouvantes qui sont re-captées et projetées sur le sol de la salle de prise de
vue. Des objets aux propriétés réfléchissantes sont placés par une performeuse
dans ce signal afin de diffracter la projection sur les murs alentour.
Pendant le temps de cette activation, les deux performers sont
connectés à distance par téléphone, ce qui leur permet de maintenir une
connexion sensible au sein du processus de transformation de cette source
lumineuse.
Métamorphose
permanente d'une matière créée par le « bug » des
machines et sculptée par le corps humain, cette proposition est une invitation
à la contemplation onirique et sensible.
Photos © Sandrine Binoux