Tout commence à la campagne sur ma planche à
roulettes. Arpenteur du territoire qui m'entoure, l'environnement dans lequel
j'évolue est pour moi un espace de rêverie et d'inspiration. Skater à la
campagne est plus ou moins l’équivalent d’une journée sans béton. Équipé de
ma planche j’évolue dans une zone blanche pour reprendre les termes du livre de
Philippe Vasset.
Cette expérience de l’arpentage voire de la
mesure, aiguise mon œil.
Je perçois alors l’espace à travers une grille de
lecture étrange : celle du skateboard.
Elle devient un moyen d’enregistrer ces
informations de façon sensible avec une méthode qui m’appartient : dans un
premier temps par l’observation d’un contexte situé ; à travers la
photographie.
Ensuite par la mise en place d’un système
graphique, qui se base sur les dimensions d’un skateboard (80 x 20 cm), j’utilise
son format pour recevoir sur papier les aphorismes issus de mes lectures.
Dans un dernier temps je me sers de sa longueur
de 80 cm, comme unité de mesure arbitraire.
Cette longueur me permet de prétexter la production de 3 outils symboliques, de
signes, et objets qui ne sont pas tant fonctionnels que porteurs d’imaginaires
pour signaler dans le paysage rural, des lieux et objets propices à la pratique
du skateboard.
- Un séparateur de voie devient alors un kutsch, une règle
triangulaire, comportant plusieurs graduations et correspondant à
plusieurs échelles
- La quadripied en bois renvoie à un niveau laser
- Un mètre pliant devient support signalétique
- Enfin des pavés, originellement détournés par des skateurs afin de
mettre en place des rampes DIY (Do-It-Yourself), me servent à composer des
mots.
Le passage de l'arpentage à l'installation
redéfinit les enjeux de la restitution ; ainsi les éléments graphiques et les
objets écrivent un langage spatialisé entre sensation et sens caché.
Instragram
Photos © Sandrine Binoux