Je cherche des feux follets. A travers mes
déplacements, au fil de mes égarements, je photographie le paysage et ses
singularités. Je marche sur des falaises et j’y trouve une chaise face au vide.
Je descends près des rochers, j’y rencontre le cadavre d’un cygne et son
linceul posé dans l’hiver. Parfois, à mes pieds, je découvre un gant échoué
dans les graviers, comme un écho du paléolithique. Ces singularités faisant
écho à un temps autre, une origine ou un conte, je les appelle des trouvailles.
Je n’interviens pas sur ces objets échoués sous mes yeux, ne les manipule pas,
je reste témoin de leur existence, je les photographie. Parfois leur souvenir
me hante, et alors je les écris. Ce sont des visions.
Je cherche des feux follets, des
lavandières, l’arche d’un déluge ou ce vieil homme venu du lac qui marche dans
Tallinn, inlassablement. Mon travail est habité par ces figures. Je marche sur
leurs pas, interroge leur présence, leur survivance dans nos espaces en
évolution et qui ne semblent plus les admettre. Usant de leurs noms, de leurs
trajets, de leurs questionnements, je les intègre à mon écriture, à mes récits,
à ce qui structure mes livres. Je conte une épopée, une marche interminable ou
un orage tout au loin. Les titres de mes travaux, leur trame ou leurs symboles,
prennent racine dans les souvenirs, les folklores et les contes qui m’animent.
Je cherche des feux follets, marche dans
les pas du vieil homme d’Ülemiste, et il reste encore tant à faire.
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Photos © Sandrine Binoux