En tant que peintre, j’ai pour principale intention d’insérer la couleur dans l’espace. Deux enjeux essentiels se sont ainsi constamment posés à moi : la matérialité de la peinture et celle de l’objet peint, caractérisé par son poids, sa taille, son épaisseur etc...Cette approche formaliste, telle qu’Elizabeth Murray la conçoit « je veux que l’air respire physiquement dans ma peinture », m’a conduit à fabriquer mes propres supports picturaux pour ensuite les revêtir.
Ces constructions s’étalent chronologiquement sur différentes séries de reliefs muraux qui composent une ligne horizontale à la monotonie rythmique.
Un sampuru (« exemple de nourriture ») est une réplique d’un produit alimentaire, exposée dans les vitrines et sur les étals extérieurs dans un très grand nombre de restaurants au Japon. Elle sert à présenter aux clients, de manière très réaliste, les différents plats proposés ainsi que leur prix.
Jadis en cire, elles sont aujourd’hui faites en plastique. Les sampuru sont quasiment tous uniques : le plus souvent réalisés manuellement, ces modèles sont modifiés et adaptés en fonction de chaque restaurant pour ressembler au plus près à ce qui est servi. Pendant la fabrication, les faux ingrédients sont découpés et combinés de manière similaire à la recette du plat qu’ils vont représenter. Cet artisanat a, désormais, été élevé au rang d’art.
Perplexe, figé devant la vitrine d’un restaurant : « ça a l’air trop bizarre, il y’a trop de détails, même plus que sur le vrai plat ». E.R.