« Je parle des pierres : algèbre, vertige et ordre ; des pierres, hymnes et quinconces ; des pierres, dards et corolles, orée du songe, ferment et image... Je parle des pierres plus âgées que la vie et qui demeurent après elle sur les planètes refroidies... Je parle des pierres nues, fascination et gloire, où se dissimule et en même temps se livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d’une espèce passagère. »
— Pierres, Roger Caillois, Collection Blanche, Gallimard
Au travers de balades, au milieu des terrains vagues et des espaces verts, je prélève des pierres. Celles-ci d'emblée dévoilent leurs imperfections, leurs reliefs : des fragments minéraux qui racontent l'histoire qui fut la leur. À mes yeux, elles forment aussi un lexique, une infinie possibilité de jouer avec les mots. Je saisis cette valeur possible en prélevant leur empreinte. Chaque pierre est enfoncée dans des cubes d’argile, formant en creux, une empreinte : la possibilité d'un abécédaire.
Enfin, je fabrique des boîtes/valises en carton qui me permettent de ranger et ordonner ces nouveaux outils. Ce langage tactile imprimé est ensuite utilisé pour écrire de la poésie dans la tradition de l'écriture automatique.
Une chaussure
Folle d’amour pour sa sœur,
Jour et nuit elles se balançaient
À contre cœur.