Tout est dispositif, nous sommes donc aliéné à un système et c’est cette dynamique qui me pousse à en sortir. Je pense que nous devons accepter le fait d’être constamment assujettis aux dogmes de la société. Si un designer cherche à échapper au système sans vraiment y parvenir, c’est qu’il passe de dispositifs en dispositifs en trouvant une issue de secours à chaque fois. Et c’est dans ces espaces transitoires que peut exister une certaine liberté à l’instar des océans pour les pirates. Je me suis inspirée d’une technique d’émancipation contemporaine communément appliqué au domaine de l’informatique : le hacking. :recherche de solutions pour contourner, dépasser des éléments de sécurité. Evidemment, cela sous-entend une connaissance parfaite du système «attaqué». Le hacker doit avoir pratiqué le dispositif ciblé pour pouvoir en trouver les failles. C’est à ce moment-là que le système n’oriente plus l’individu mais c’est l’individu qui s’oriente dans le système qu’il utilise comme support et outil.
ZERMA est une distillerie pirate nichée au sein de l’école, une entreprise qui a pour siège l’adresse de l’établissement. J’ai commencé par matérialiser cette idée en créant une boite aux lettres, au nom de la distillerie ainsi qu’une serrure et une clé que j’ai réalisées moi même et qui ne sont donc pas reproductibles chez un cordonnier. La distillerie, elle, prend appuie sur les dispositifs existants. le matériel de distillation que j’ai mis en place pour la badiane se calque sur les circuits de tuyauteries et électriques de l'école. Les macérations de mes plantes se font dans des mallettes semblables aux valisettes de perceuses ou de camera. Quant à la vente des bouteilles d’alcool, elle se fait via le moyen de paiement attribué aux étudiants. Des petites cartes plastifiées d’une valeur de 5€ à 15€. Cela me permet de n’avoir aucune transaction d’argent à proprement parlé et donc une invisibilité et une intraçabilité de mes ventes.
La récupération des lots s’est faite le jour de mon diplôme via des casiers appartenant à l’école. A l’instar de « lockers » les casiers numérotés et cadenassés permettaient à mes clients d’être autonomes et de garder leur anonymat.
La recette des ventes de bouteilles d’alcool m’a permis de solder mes frais de scolarité pour ma dernière année d’études.
Le dispositif école devient alors support et façade d'une activité qu'est l'élaboration de spiritueux et me permet de récolter assez d'argent pour financer ma cinquième année.
Instagram: @atelierzerma