Des tomates tombées sur le carrelage du supermarché, les palmiers du Petit Palais, le regard d'une conductrice dans le rétroviseur.
Mon travail commence dans mes carnets de dessins au feutre de scènes du quotidien prises avec mon téléphone. Je scanne ces dessins qui deviennent des images numériques. Contenues dans une clé USB, ces images liquides sont vouées à exister sous plusieurs formes : elles sont numérisées, « glitchées » lors du scan, sérigraphiées, ré-imprimées.
Elles encadrent alors l'espace, glissent le long du mur et annoncent : les images que vous rencontrerez ici sont déformées, abîmées puis remodelées par des manipulations. Toutes les images présentées ne se révèlent pas de manière immédiate au spectateur, souvent dans un espace marqué par des changements d'échelles, et les couleurs vives du feutre.
Là, des livrets décomposent un dessin figuratif en de nouvelles images pixelisées et abstraites. Ailleurs, une sérigraphie figure des tomates tombées au supermarché et l'autre, des oranges d'un Spritz échoué sur le parquet. Elles sont difficilement reconnaissables sans indication quant à ce qu'elles représentent, brouillées à la fois par le reflet sur la photographie d'origine et par celui du plexiglas. La sérigraphie, comme indice d'une image reproductible à l'infini, replace alors d'une certaine manière l'image numérisée dans le champ pictural.