Gaïa est un projet manifeste proposant un mode de vie plus respectueux de l'environnement. Il tend vers un écosystème où les rapports de domestication entre l'Homme et la Nature s'effacent au profit d'une relation donnant-donnant.
Ainsi, les lianes des Aracées* semi-épiphytes** évoluent dans une salle d'eau et colonisent les espaces à l'aide de leurs crampons. Ces capacités offrent de nouvelles perspectives pour l'intégration des végétaux via leurs contenants. Le pot en terre cuite, traditionnellement utilisé pour contenir, maintenir en vie et ordonner la nature, s'aplanit et se déploie en une surface de développement. La matière est utilisée sous deux traitements. Poreuse lorsqu'elle n'est pas émaillée, elle permet à la plante de s'accrocher et de capter l'humidité qui s'y évapore (des textiles en lin font office de forêt humide : l'eau monte par capillarité et humidifie l'air ambiant). Lisse lorsqu'elle est émaillée, elle délimite avec douceur les zones de développement.
La création d'un pot est selon T. de Beaumont une négociation permanente des rapports entre la matière inerte du réceptacle et le vivant qu'elle accueille. Ici, les pots ont une double fonction et émettent la possibilité d'une cohabitation d'usage. Le citadin adapte ses habitudes en fonction du développement de la plante. L'accompagnement pour le développement du végétal passe aussi par la favorisation des liaisons mycorhiziennes***, notamment par le recyclage de leur propre matière organique. L'eau, sous différents états, donne lieu à une atmosphère semi-tropicale où la température n'est pas inférieure à 21°C et l'humidité à 80%.
*Aracée : espèce arborescente vivant dans les milieux tropicaux et semi-tropicaux.
**Semi-épiphyte : espèce captant la nourriture dans les sols grâce à ses racines souterraines et dans l'atmosphère grâce à ses racines aériennes.
***Mycorhize : association symbiotique entre un/des champignon(s) avec des racines d'une ou plusieurs plantes.