La numérisation de notre patrimoine culturel est accélérée par les technologies actuelles d'apprentissage profond (Deep Learning). Elles traitent la culture comme un échantillon des combinaisons possibles des mots et des pixels qui ont du sens. Les grandes entreprises du numérique profitent de leurs moyens et de leurs infrastructures pour maîtriser l'archivage et le partage de la culture en échange du contenu des livres extrait et pré-mâché par leurs algorithmes. Cette centralisation et cette privatisation vont à l'encontre du Domaine Public qui garantit que l'héritage culturel reste une matière première libre pour la création contemporaine.
L'un des angles d'attaque dans une posture de « Guerilla pour l'Open Access » (d'après le hacker Aaron Swartz) est de briser ce monopole. Copy-Plot met en scène les composants techniques minimums pour la numérisation et la reproduction analogique d'un document pour flouter la frontière entre matière inerte et appareil technologique. Entre atelier de faussaire et laboratoire d'imagerie, le dispositif nous confronte au monde de la Low-Fi. Ces images nous questionnent sur la course à la résolution et à la fidélité qui cache la perte progressive de notre droit de copier et de partager.
De l'autre côté de la chaîne de production, Book2Book est un ensemble d'outils permettant d'extraire ou générer des informations de mises en page à partir d'un spécimen pour le détourner ou le re-générer. Maquette, marges, papier, technique d'impression, typographie, interlignage... Toutes ces informations para-textuelles ne sont pas représentées dans les formats numériques. Il reste donc, pour les designers et ceux qui étudient l'histoire de ces documents, tout un territoire de formes hybridant image et texte.