Ce projet plastique est né de mon expérience en tant que jeune céramiste.
Celle-ci m'a amené à me questionner sur la relation qui existe entre le céramiste et sa production.
A travers les « Variables » je propose une nouvelle manière d'expérimenter la céramique.
Ce projet se base sur la relation entre le travail artisanal et ma réflexion en tant que designer pour créer un protocole de création plus rationnel par rapport à un façonnage traditionnel.
Ce projet interroge la question de la série et de l'objet unique, les relations qu'elles entretiennent et ainsi que leurs capacités à évoluer et à être détourner.
Ces créations mettent en lien deux techniques, le coulage ; une pratique qui apporte de la régularité, de la précision et une production en série de pièces identiques ainsi que la technique de modelage qui favorise la « modularité » qui vient compléter celle du coulage.
Il y a un nombre de moule défini : 6, de formes très simples qui peuvent s'encastrer les unes dans les autres et dont les hauteurs sont variées.
Le but étant d'être plus efficace, de ne pas être contraint par une forme, réaliser beaucoup d'objets avec peu de moyens et lier deux pratiques artisanales.
Le moule n'est pas modifié, il reste tel quel, les formes se créent en combinant les pièces provenant du moule en les découpant en deux ou trois parties.
Avec ce protocole, il y a une rentabilisation des usages du moule et du modelage, une grande production sans nécessiter un grand nombre d'outils et un gain de temps. Il y a notamment une économie de moyen car la pratique de la céramique est couteuse et cela demande beaucoup de matière et de matériel.
Pour chaque format de moules, deux emporte-pièces adaptés à celui-ci sont créés pour le modelage.
Les formes créées par cette technique affichent une esthétique spécifique qui permet de rendre lisible chaque élément de construction.
Par cette modularité, ces techniques liées ensemble viennent limiter les productions de moules aux formes infinis.
Cela vient créer une infinité de combinaisons possibles alors que les formes de départ sont les mêmes.
L'ensemble de ces matières se recomposent facilement pour proposer une nouvelle typologie de travail et d'objet à partir de même outils.
Chaque élément est modulable, associable et on peut changer la nature et l'échelle de l'objet pour changer de statut.
Ce projet cherche aussi à retranscrire l'idée d'une « abstraction manipulable » où l'évidence et la simplicité d'une forme permettent de me projeter dans son usage.
Cette ouverture est un élément essentiel qui pousse à une réflexion sur les objets en céramique et à leurs appropriations.
Cette réflexion entre évidence et abstraction des formes permet non seulement une appréhension inconsciente et intuitive de ces outils et de ces formes mais aussi une ouverture pour l'imaginaire de celui qui les utilisent, les regardent, les manipulent.
En parallèle de ma production, j'ai aussi voulu penser un espace de travail pour contenir tout ce processus, avec un rangement rationnel ; sous forme de desserte, pour qu'il puisse s'adapter à n'importe quel espace de travail.
La patience que requiert la céramique à travers ce projet de recherches et d'expérimentations apportent une nouvelle manière d'appréhender, de modeler, de toucher et d'apprécier l'objet et la matière qui prend le contrepied du stéréotype du geste répétitif.
On dessine avec les formes.