Les premières relations que nous entretenons avec nos voisins se traduisent la plupart du temps à travers un son, une ombre sous la porte, une lumière déclenchée à intervalles aléatoires ou réguliers. Nous partageons un mur, un sol, un plafond avec eux.Ce sont les personnes les plus proches de nous physiquement, pourtant nous ne savons rien d'eux dans la plupart des cas.Les diverses formes de judas sur lesquelles j'ai travaillé redéfinissent les relations de voisinage, et notamment la curiosité de l'autre. Cette curiosité naît de la surface qui confronte l'espace commun à l'espace intime:la porte. Elle marque une césure.Un pas à franchir, un premier abord.
Ces judas permettent d'identifier la singularité de l'individu vivant derrière la porte, comme un portrait. À travers des textures,des couleurs, des sensations, les judas font échos aux objets favoris de ces personnages.Dans l'attente d'une ouverture imminente,on peut commencer à entrer dans l'univers de la personne en manipulant ou en contemplant le judas. C'est aussi une modification des rapports de force liés à l'identification de l'inconnu, par des jeux de perception inversées, altérées. Toutes les fonctionnalités encadrant d'ordinaire une porte,se retrouvent mêlées aux judas de manière à former un seul et unique objet.Selon les personnalités on retrouve des judas différents :Un judas-vase pour la concierge, un judas-paillasson pour le retraité, un judas-sonnette pour la musicienne, un judas-luminaire pour la noctambule, un judas-heurtoir pour le nageur et enfin un judas-miroir pour la veuve.
/ Le contexte se place dans un immeuble fictif, où les habitants sont des archétypes de voisinage /