L'image s'est fissurée, elle s'est démembrée.La perspective a été dynamitée, les repères orthogonaux ont disparu au profit de la libre-circulation. Le monde vacille silencieusement. Par fragments indiciels démultipliés apparaît un paysage insolent, indompté, jouant des effets d'optique et des rapports d'échelle. De l'archive renaît et se déploie cette fois-ci un milieu perceptif délivré, à la frontière entre l'image et sa mise en volume. Modulaire, ce paysage s'inscrit dans un processus inachevé et infini, ouvert comme une oeuvre improvisée, fixe et à la fois mouvant. Minéral, durable, stratifié, il s'installe dans la lenteur, tant dans sa confection que dans sa réception. C'est une plongée dans le temps et dans l'être.
Les images sont laissées en jachère le long d'un chemin qui n'est pas balisé. Le regard est désaxé, il plonge. Il s'immisce dans les interstices de Résilience, se perd dans ses zones vides, pour se raccrocher à une ombre. Non, c'est un grillage. La vision peine à trouver un abri et les pensées s'échappent. Le regard saute sur un autre pan, se retrouve dans un face-à-face dans le plexiglas noir de Reflets. Les variations de lumière et le passage furtif d'un autre spectateur s'y invitent dans la contemplation. Le monde extérieur est convié et devient lui aussi présent et réel.
Au sol les vagues ont été piégées à la surface d'un aluminium gravé. Il s'agit de Levée de Dormance. Où est-ce ? Un jardin ? Peut-être. Il est disposé comme une partition ou une grille de lecture dont les éléments restent à être interprétés. Des images enroulées, empilées ou mises dans des tiroirs, des surfaces laissées brutes, d'autres laissant deviner la trace d'une image : tout s'y laisse entrevoir autant par ce qu'il est que ce qu'il pourrait être.
Ce paysage fragmentaire propose divers points de vue possibles, et des espaces dans des espaces, ou encore des espaces cachés, comme en attente, en dormance. De quoi ? De l'esprit d'un explorateur vigilant et actif, se mouvant dans ce nouveau monde qu'il aide à reconstruire, et pourquoi pas guérir.
*La mésologie est une science des milieux — humains en particulier, dont une conception est développée actuellement en France par Augustin Berque.