Ce film a été impulsé sans scénario. Cependant, son inspiration découle abondamment du roman de François Cheng, Le Dit deTian-yi. Tout comme son narrateur, j'endosse le rôle du peintre à la première personne, je m'empare du motif. Mais tout différent de lui, je ne suis pas né en 1925 à Nanchang. Fil d'Ariane en territoires vierges, ces lectures orientèrent le film dans une voie éthique et esthétique ; tandis que les personnages que je soumettais à la caméra la refoulait.Oui, je n'ai pas constitué de casting pour ce faire, j'ai préféré filmer sur le vif ceux qui ressemblaient le plus aux amours du peintre. Malgré la gêne de la langue, j'ai erré là sur les lieux de la dramaturgie, emporté par l'ivresse du voyage, la beauté d'une montagne, la locomotive d'un train... Derrière l'oeilleton, je les ai reconnu ses amours : elle la fille qui louchait, et lui,mon compagnon de jeux des premiers temps... Je souhaitais qu'ils m'eussent encore attendu, postés-là devant les fenêtres de chez maman, un intérieur touffu de plantes grasses. Une heure n'est pas de trop pour que le coeur s'épanche de ses joies quotidiennes. Le fleuve aura des aspects changeants... Vous êtes prévenus...
Maël Bret, Je ne parle pas chinois, 2016, 67 minutes, couleur, HD