C'est la fin d'après-midi. Le soleil décline. Parfois il n'est pas là du tout, il pleut. C'est le soir. C'est la nuit. Il fait chaud, froid, humide, neigeux, venteux... mais le lieu ne change pas. Il s'agit du même territoire, à quelques centaines de mètres à la ronde.
Après le chargement du matériel, je pars en exploration. Je marche. J'observe et je me projette. Rapidement, j'opère une sélection dans mes couleurs. Je déplie le tissu ou la toile au sol et commence à peindre.
Je vide le liquide pictural à même le support. Je tourne autour. Je le remplis. Les conditions climatiques et la typologie du lieu participent du processus. Le tissu s'imbibe, tandis que la toile cirée ruisselle d'eau colorée. Les lignes s'estompent, se dissolvent. L'image se trouble.
Au matin, je récolte les peintures laissées la veille. Elles subissent l'empreinte du climat et du transport à l'atelier, mais ces difficultés font partie du processus. Ce sont les traces d'une expérience picturale sensible vécue dans le lieu. De retour à l'atelier, je recompose à partir de ce matériau brut. C'est ce qui est donné à voir lors de l'exposition.
Mes peintures sont parcellaires, morcelées, déconstruites, pliées, dépliées, recroquevillées, chiffonnées... renvoyant à un état primitif de la pratique picturale.