La cuisine incarne le quotidien de chaque foyer et est inscrite dans tout habitat, même de façon précaire. Elle possède des questions fondamentales de notre société comme la gestion de ressources alimentaires, le rapport sociétal, la convivialité et le respect de l'environnement. Son caractère multiforme et son ouverture vers des domaines liés directement et indirectement à la cellule habitable sont à l'origine de ce projet. Un élément à l'apparence banal, la cuisine, englobe pourtant des principes de divers domaines : physiologiques, socio-culturelles, politiques, économiques et écologiques.
D'un côté, c'est un lieu répondant aux besoins vitaux, d'échange et de partage, d'invention et d'expérimentation, de l'investissement affectif et collectif, la représentation des modes de vie et leur impact. D'un autre côté, une cuisine est la source de pollution et le lieu principal de la production des déchets. C'est la confluence de différentes sources d'énergies et de flux et leur gestion.
L'évolution de la cuisine m'intéresse particulièrement car elle relève l'engagement politique de ses innovations et sa valeur socio-culturelle. L'objectif de la taylorisation de l'espace domestique, de la cuisine plus précisément, était l'abolition de l'esclavage suivi par la crise de la domesticité, et comme résultat l'apparition du concept de la ménagère. La démystification du statut de la ménagère lié au changement du rôle de la femme dans la société au fil des années reconsidère le statut de cette pièce. Aujourd'hui, les conséquences de changement des habitudes alimentaires et les crises agro-alimentaires et écologiques qui en résultent sous-entendent d'éventuels changements comportementaux et de réorganisation de l'espace-cuisine. C'est ainsi qu'une nouvelle forme de cuisiner et de différentes manières de consommer façonnent une nouvelle forme de la cuisine.