Ce titre interroge, développe l'idée de parois colorées et de surfaces souterraines, puis progressivement se déplace vers la perception de type biface (bi-faces).
J'essaie de peindre en créant de nouveaux espaces (des sensations spatiales), par la modulation des couleurs.
Comment peindre aujourd'hui ?
Peindre pour essayer de voir autrement. Voir ce que je n'ai pas su voir, pas pu voir, pour une nouvelle façon de voir - (peindre autrement pour voir autrement). Je m'intéresse aux traitements de la couleur, à comment poser la couleur, à ses textures (pour une série de paysages, je cherchai des couleurs-mousse, spongieuses), qui combinées, striées, profondes ou en reflets matérialisent la lumière et ses volumes - images saisissables ayant prises - tactiles, visuelles ou spatiales.
En résonance, je travaille aussi sur le motif, notamment celui du barbelé :
« Tout l'espace est raturé, rayé, entaillé, biffé, écorché par les barbelés. Des horizontales hérissées, mises en place non pour se repérer, comme dans un appareil optique de quadrillage perspectif, mais pour renoncer à tout. C'est donc un horizon par-delà toute orientation ou désorientation. C'est un horizon menteur, où l'ouverture vers le lointain se heurte à l'implacable clôture des barbelés. Contrairement à une prison - qui est, théoriquement, un espace juridique, et dont la clôture se matérialise par des murs opaques -, le camp de Birkenau est d'autant plus fermé dans sa négation qu'il est visuellement « ouvert » sur l'extérieur. »
P34, extrait de Ecorces, de Georges Didi-Huberman, 2011, aux Editions de Minuit.