Les étudiant·e·s de 4e année de la mention ACDC_espaces de l’Esadse exposent du 3 février au 16 juin 2024 au centre d’art de Châteauvert leurs pièces conçues en relation avec le patrimoine minier de la Provence verte, conservé par le Musée des Gueules Rouges à Tourves.
Rouge C’est Rouge a débuté par un voyage sur le territoire de la Provence verte, à la découverte des anciennes mines de bauxite. Les étudiant.e.s d’année 4 du master ACDC_espaces de l’Esadse, accompagné·e·s par leurs enseignantes Emmanuelle Becquemin et Émilie Perotto, ont passé plusieurs jours à Tourves et Châteauvert pour arpenter un territoire marqué par l’extraction de bauxite, minerai qui permet la fabrication de l’aluminium et qui a, pendant plus d’un siècle, de la fin du XIXe siècle au milieu des années 80, façonné les paysages et ses habitant·e·s.
En écho au passé industriel d’extraction charbonnière de la ville de Saint-Étienne, où se situe l’école d’art, il s’agissait pour les 14 étudiant·e·s de s’imprégner des espaces et des récits d’un patrimoine minier local, mais aussi de se questionner sur l’histoire extractive des ressources naturelles, de leurs transformations, et des impacts de cette exploitation sur nos vies actuelles et à venir.
Ce projet s’est construit avec l’accès aux ressources du Musée des Gueules Rouges de Tourves et des rencontres avec des anciens mineurs et le paysage alentour. Cette expérience sensible et historique du territoire s’est mise en œuvre lors d’une courte résidence de travail au centre d’art de Châteauvert, et donne lieu à une exposition en 2024. Les étudiant·e·s ont déployé des expérimentations artistiques singulières témoignant du contexte passé et actuel qui se concrétisent dans des productions plastiques sensibles et prospectives.
Lors de la semaine de workshop, certain·e·s étudiant·e·s ont éprouvé la
nécessité de représenter des éléments concrets du travail dans les
mines, disparus aujourd’hui, pour tenter de comprendre les espaces, la
façon dont ils étaient occupés et l’impact que cela provoquait sur les
corps et sur le territoire environnant.
Cela a amené Lise Poncet à se représenter d’abord de façon graphique, puis de façon préhensible, une poche de bauxite ; Emma Duplanil à construire sa berline pour éprouver son corps dans ce véhicule ; Mathias Padlewski à cartographier et à maquetter sa perception physique fantasmée des galeries ; Arthur Van Poucke à plonger au fond du moteur d’un chargeur-chenille pour en représenter des pièces en aluminium.
Lisa Petit et Maximilian Browning ont mis en œuvre des
éléments qui rendent compte de la place du corps dans les galeries
(soutènements en boisage pour l’une, caisse de dynamite comme
objet/espace du déjeuner pour l’autre).
Tandis que Cécile Cheang
profite de l’exposition pour inviter les visiteur·e·s à se
ré-approprier l’usage du précieux jeton de présence des mineurs comme
témoin de leur passage.
Jeanne Troadec propose une sculpture qui évoque le carton de bâtons de dynamite et nous interroge sur une potentielle urgence.
Les liens complexes entre l’eau et la bauxite ont interpellé Charlotte Asmonti et Angèle Villiere
: leurs propositions tentent d’instaurer une métaphore de cette
relation (proximité dans les mines, dangerosité des inondations dans les
galeries, mais aussi pollution par les boues rouges).
Pour Jessica Perez,
Rouge C’est Rouge est l’occasion de rapprocher les rituels
sud-américains pratiqués par les mineurs et la célébration de la
Sainte-Barbe en France.
Quant à Virgile Voisin, il profite de cette exposition pour inviter le collectif EFTFA (Exploration des Fonds Terrestres à Fin Artistique) à montrer des projets réalisés à la suite d’explorations souterraines.
Kenza Cébé & Thomas Goumarre se sont questionné.e.s sur celles qui avaient participées à l’histoire des mines de bauxite des alentours de Tourves, mais qui ne sont pas représentées dans le musée : les femmes. Leur livre d’or, installé au Musée des Gueules Rouges, donne à lire des témoignages sur ce sujet et offre à qui veut y contribuer un espace d’expression.
À l’issue de 4 mois de travail sur l’exposition Rouge C’est Rouge, il apparaît que l’ensemble des projets questionne la nécessité de représenter l’espace de la mine comme espace vécu, pour tenter de comprendre comment cette activité a agit sur le paysage et sur une population, dont nous sommes aujourd'hui les héritier·e·s. L’ensemble des propositions étudiant·e·s s’incrivent dans l’atelier de recherche-création Point Break porté par Émilie Perotto et Emmanuelle Becquemin.
Une édition de EFTFA, et une édition de Mathias Padlewski sont en vente à la boutique du centre d'art de Châteauvert, et à la boutique du musée des Gueules Rouges.