On peut repérer depuis quelques années un nouveau thème évoqué de plus en plus souvent dans l’art contemporain, qu’il s’agisse d’expositions ou bien d’œuvres d’art : celui de l’enfance. On abordera cette question en mettant l’accent sur les différentes façons dont le thème de l’enfance résonne, ou pas, avec la question de l’art, notamment à partir de l’analyse d’une œuvre d’art prenant la forme d’aires de jeux, Modellen (1968-2008) de Palle Nielsen, d’une aire de jeux conçue par une artiste qui lui refuse le statut d’œuvre d’art, la Five Stars Bouncy House (2013-2014) de Pilvi Takala, et d’une aire de jeux, le Lozziwurm (1972), à laquelle une exposition confère la valeur d’une œuvre d’art, alors que son auteur, Yvan Pestalozzi, la lui refuse. Il s’agira, au travers d’œuvres d’art prenant la forme d’aires de jeux, de saisir les différentes valeurs artistiques possibles de l’enfance, d’en saisir l’historicité propre, afin de formuler des hypothèses quant à cette récente résurgence. Il s’agira surtout de mettre en évidence le caractère relatif et changeant de ce que l’on appelle « œuvre d’art ».
Vincent Romagny est enseignant en théorie de l’art à l’Ensba Lyon. Il est docteur en esthétique, ainsi qu’éditeur et commissaire d’exposition indépendant.