Après l’itinérance de l’exposition Culture bains (qui relate les productions des étudiants de l'Esadse), installée successivement dans 12 villes thermales, le projet Culture Bains#2 voit éclore cette année différentes propositions provenant de 4 étudiants et étudiantes de l'Esadse. Œuvres, interventions de différentes natures vont prendre place à Châteauneuf-les-Bains, Cransac-les-thermes, Saint-Laurent-les-Bains et Vals-les-Bains...
L’association Route des Villes d’Eaux du Massif Central est rentrée en relation avec l’Esadse en 2018.
« Ce qui nous intéressait était de déployer des projets dans
différentes formes d’art, dont le design, un champ que nous n’avions
jamais expérimenté. » explique Léa Lemoine, Chef de projet patrimoine et innovation. Elle poursuit :
« Les jeunes artistes ont su mettre en relief les points forts du
territoire, notamment culturels qui font partie de l’ADN des villes
d’eaux, réinterpréter le contexte environnemental et sociétal.
La première édition a été l’occasion de soutenir des expérimentations
variées, de design d’objet, design graphique, design d’espace, design
textile aussi avec le lycée Adrien Testud… Nous avons eu de nombreux retours très positifs : les locaux appréciant la fraîcheur des propositions, les regards très créatifs et nouveaux portés sur leurs territoires… Nous avons eu l’envie de poursuivre cet échange avec une nouvelle promotion d’étudiants de l’Esadse cette année. »
Gabrielle De Beyssac, artiste sculptrice enseignante à l’Esadse, est la référente pédagogique de ce projet. Par son expérience de sculpture en extérieur, elle est sensible aux spécificités de chaque contexte, notamment ruraux ou naturels. Elle explique : « Travailler sur le terrain est très stimulant. En immersion dans le projet Culture Bains#2, il est très intéressant de voir les enjeux de ces villes thermales », et poursuit :
« Aujourd’hui, à l’aire de l’anthropocène, nous sommes en plein cœur de
ces questions liées aux enjeux des ressources géologiques, comment les
activités humaines s’articulent autour… En tant
qu’artiste, c’est un sujet très important, d’aborder cette notion-là de
notre lien avec l’activité géologique de la planète, et comment faire culture de ce lien-là, remettre en question notre rapport aux ressources...»
Ces
questions liées au contexte, à l’histoire du lieu, ses spécificités ont
toutes données l’impulsion aux propositions des jeunes artistes. Pour Luc Rochaix, le choix de l’implantation était évident : « Je suis stéphanois, et il y a dans ma pratique artistique quelque chose de relatif à cette ville. Dans le projet Culture Bains#2, j’avais pour idée dès le départ de pouvoir m’installer sur Cransac, c’était pour moi l’occasion de changer de ville tout en gardant un contexte comparable. J’étais intrigué par ce territoire, sa région m’intéresse par son passé industriel, semblable à celui de Sainté, en tant que ville qui a perdu plus de la moitié de sa population avec la fermeture de la mine, la désindustrialisation, etc. »
Répondre à un contexte précis est ainsi un des principaux objectifs pédagogiques. Gabrielle De Beyssac les précise :
« Il s’agit de développer un projet qui puisse rentrer en dialogue avec
un partenaire, un lieu, ses propriétés géographiques, géologiques…
Cela demande d’être attentif et respectueux d’un contexte particulier,
afin de générer des propositions de formes bien spécifiques, d’apprendre
à les déployer… Le projet Culture Bains#2 permet aux étudiants de mettre en œuvre un projet de A à Z, en passant par toutes les phases : l’immersion dans le contexte, l’inspiration en consultant des ouvrages, des archives… puis
la phase de conception, de l’idée, l’intention qui se profile, puis il
peut y avoir une phase d’esquisse, de dessin préparatoire… et tout le suivi de projet.
Cela permet aux étudiants d’apprendre à communiquer avec les artisans à
partir de plans, de faire le lien avec les partenaires de leurs choix
pour la production de leurs pièces puis toute la partie installation, le
dialogue avec la commune, l’association Route des Villes d’Eaux du Massif Central, et enfin, toute
la médiation pour présenter leurs œuvres aux visiteurs du circuit. C’est un projet très complet et très professionnalisant. »
Le témoignage de Luc abonde en ce sens : « Ce qui m’intéresse est de pouvoir travailler avec d’autres artisans, ce sont toujours des gens qui m’apprennent énormément. Notamment pour le travail du bois, avec ce projet de cabane j’apprends encore. L’idée actuellement est
de pouvoir travailler avec le lycée professionnel du coin, pour moi ce
ne serait que bénéfique, de suivre leurs conseils, voir comment la pièce
dessinée va peut-être être rectifiée par leurs idées, techniquement… C’est un échange que j’aime beaucoup, me faire aider par d’autres corps de métiers. J’étais
déjà sorti des beaux-arts pour faire un CAP serrurier métallier, ce qui
m’a permis de réaliser des pièces plus professionnelles, plus
résistantes dans le temps, de faire des installations qui ne soient pas
dangereuses dans l’espace public… »
Étalé dans le temps, ce projet a accompagné les étudiants sur le long terme.
Après un premier contact avec le territoire, ils ont eu des rendez-vous
réguliers permettant le suivi de projet avec leur professeure
encadrante Gabrielle De Beyssac, afin d’affiner à la fois leurs propos et de trouver des solutions techniques adaptées.
Un second voyage sur le site de leur choix leur a permis de réaliser
leur projet ou d’approfondir leurs repérages nécessaires à son
installation. Mme De Beyssac explique : « C’est aussi un apprentissage, de se présenter auprès des partenaires, en tant qu’artiste, de manière autonome. Il s’agit presque de répondre à une commande, tout en sachant garder authentique leur pratique artistique et leurs propos singuliers. Ce dialogue-là est intéressant pour les étudiants. ». Luc complète : « Un des intérêts de ce partenariat est qu’il nous apprend à nous positionner, à négocier, à être attentifs. À l’école on est assez peu prévenu de ces enjeux, il y a le cours de Bruno Ughetto sur les statuts d’artistes, comment le déposer, comment facturer, etc., mais c’est un petit module. Là, ces questions sont des contraintes inévitables que nous devons maîtriser pour mener à bien nos projets. »
En tant que projet pédagogique, Culture Bains#2 est particulièrement porteur :
un budget est alloué spécifiquement, des rencontres professionnelles
sont organisées, des échanges avec les équipes techniques, les élus
locaux… L’installation in situ permet de rendre visibles les travaux des étudiants à un public différent.
Projets en cours :
• Marion Benoist Grandmaison (Saint-Laurent-les-Bains)
• Julia Firmbach (Cransac-les-Thermes)
• Luc Rochaix (Cransac-les-Thermes)
• Charlotte Goffette (Châteauneuf-les-Bains, Vals-les-Bains)