L’ensemble Digestion, composé des fameux poufs, mais également d’une série d’autres éléments – portemanteaux, suspensions, pots de fleurs –, est réalisé à partir d’un même procédé, évoqué dans le titre, de recyclage d’objets courants : le sac Barbès, populaire, migratoire (voire « immigratoire »), devient ainsi un élément d’assise, modulable et déplaçable à loisir ; les balais deviennent de pratiques portemanteaux ; les étendoirs, d’efficaces luminaires ; les brosses à cheveux, de durables fleurs d’appartement.
La collection, prévue au départ pour un café – les poufs y étaient proposés en pile et chacun pouvait s’en servir pour s’installer où bon lui semblait –, affirme un aspect ludique et pratique, mais pas seulement : il s’agit aussi, pour Matali Crasset, de faire avancer une autre vision du design, qui ne proposerait plus un mode de vie mais un dispositif pour que chacun, au contraire, soit libre d’adapter les objets à son mode de vie propre.
« On a souvent cet énorme canapé qui prend beaucoup de place, et qui fige l’espace. On a le canapé, on a la petite table basse, on a la télé devant ; ce n’est même plus un lieu convivial, c’est une espèce de face-à-face avec la télévision. L’idée est de retrouver des structures qui ne nous figent pas, mais qui puissent être réinventées au quotidien. L’idée est de pouvoir s’approprier les espaces, au jour le jour, et réinventer la vie qui va avec. »
— matali crasset