Il était une fois, une tribu nomade qui parcourait les monts et les plaines depuis des centaines d'années. Les membres de cette tribu étaient des esprits volatiles et flottants, et n'avaient pas de forme précise. On les appelait « Les Courroucés », et ils recherchaient un endroit où se poser et s'installer.
La nuit dernière, alors qu'ils traversent le square Victor-Schoelcher, les Courroucés s'étonnent de le voir inanimé. Ils décident d'y installer leur campement. Au petit matin, le quartier s'éveille doucement, et ses habitants, encore endormis, s'éparpillent dans ses rues et ses allées. En chemin pour l'école, les enfants traversent le square et s'étonnent de ces présences que les adultes ne semblent d'abord pas remarquer.
De nature curieuse, les Courroucés viennent à leur rencontre et leur demandent la permission de s'installer durablement.
C’est une tribu étrange, aux humeurs changeantes. Ses formes varient au gré du vent, du soleil, de la pluie. On remarquera que les Courroucés les plus joyeux aiment être secoués par le souffle du vent. Les plus mélancoliques, eux, se rafraîchissent les idées sous le clapotis de la pluie. Quant aux timides et aux introvertis, ils préfèrent trouver un abri dans les buissons.
Dans le cadre du projet Cité du design 2025 porté par Saint-Étienne Métropole, les étudiants de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne ont été sollicités pour apporter des idées pour la rénovation du quartier créatif de la ville. C’est ainsi que Tina Abenzoar, étudiante en 4e année de Design mention objet a décidé de créer ces formes pour habiter l’espace et interroger les habitants.
Denis Coueignoux, Benjamin Graindorge, Elizabeth Guyon et Michel Lepetitdier, enseignants à l’Esadse, ont accompagné des étudiants dans ce projet en insistant sur la notion d’habiter en commun et la responsabilité, en tant que designer, d’intervenir sur un territoire. « Planter un drapeau » est l’acte premier pour révéler la présence de l’école sur le territoire, sans autorité, et plutôt comme une amorce de dialogue avec les autres habitants, résidents et autres passants du quartier.
En tant que designer objet, Tina Abenzoar travaille sur des formes qui racontent des histoires et viennent enchanter les lieux qui nous entourent. Elle intervient dans l’espace public, mais aussi dans l’espace privé. Avec Les Courroucés, elle prend la feuille métallique comme une feuille de papier pour la colorier, la découper et la plier, ce qui nous réconcilie avec la froideur du matériau. À son intervention plastique s'ajoutent d’autres éléments, aléatoires, naturels, extérieurs, comme le soleil, le vent, la pluie, qui viennent modifier ces formes et leur donner vie.