Dans le cadre du programme de recherche européen Arts and Crafts aujourd'hui, dont elle est pilote, l' École supérieure d’art et design de Saint-Étienne organise, du 25 au 29 mars 2024, une semaine de workshops et accueille à cette occasion 35 étudiants et des enseignants des écoles d'art partenaires impliquées dans le programme. En complément des workshops, des conférences et une exposition finale ouvertes à tous sont au programme.
Le programme européen de recherche Arts & Crafts aujourd’hui réunit les écoles d’art de Bratislava, Bruxelles, Montréal, Porto, Tétouan et Saint- Étienne. Cette semaine de production clôt un cycle de workshops organisés successivement dans les autres
écoles partenaires au cours des dernières années.
Le programme de la semaine recouvre
une diversité de pratiques qui placent en leur centre le rôle de la main, un
savoir-faire spécifique associé à des formes artisanales ou décoratives. La
dimension créative, en art et en design, propre à l’enseignement des écoles
d’art procède de ces différents types de faire.
La préparation de la semaine a fait l’objet de plusieurs partenariats, notamment avec les Meilleurs Ouvriers de France (MOF), mais aussi d’investissements destinés élargir le spectre des
pratiques au sein de l’école comme la lithographie ou le textile, ancrant ainsi
pleinement sein de la pédagogie de l'Esadse cette relation entre art et artisanat. L'exposition finale est organisée dans le cadre des Journées européennes des métiers d'art 2024.
Denis Laget, artiste peintre, enseignant à l’Esadse, membre du Laboratoire LEM
Le paravent fait partie des pièces
mobilières décoratives qui ont intéressé les acteurs du mouvement Arts & Crafts au même titre que les
dessus de porte, trumeaux et panneaux décoratifs. Cet intérêt est aussi partagé
au même moment en France par le groupe des Nabis et Pierre Bonnard notamment
qui réalisera des paravents sous forme de multiples lithographies. Pièce mobilière charnière si l’on peut dire, entre la
sculpture et la peinture, le paravent invite au motif et à sa répétition.
Sandrine Binoux, photographe, chargée du pôle photographie à l’Esadse, membre du laboratoire IRD
Jean-Philippe Julien, responsable du pôle modélisation de l'Esadse, membre associé à l'équipe de recherche Spacetelling
Photographie dite primitive :
surexposition, flou, décadrage, salissures, l’idée est de renouer avec la
matérialité de l'image à contre-courant de l’image numérique, de l’image flux
éphémère qui s’échange dans la seconde mais se perd ensuite dans les nébulosités
d’un cloud. Loin de la « fast-photographie », ici la notion du temps
photographique est revisitée.
Amine Asselman, artiste, enseignant à l’Institut national des beaux-arts de Tétouan
Elen Gavillet, designer, professeur à l’Esadse, membre du Labo d’Objet
Michel Lepetitdidier, designer graphique et enseignant à l’Esadse
Corlieu-Maezaki Camille, professeur à l’Esadse
Coralie Marchal, responsable de production à la Manufacture des émaux de Longwy
Susana Piteira, artiste, enseignante à la Faculté des beaux-arts de l’Université de Porto, FBAU
Vincent Rivory, responsable de l’atelier céramique à l’Esadse
Savoir-faire unique de la manufacture des Émaux de Longwy depuis 1798 : sur le biscuit (terre cuite blanche)
est dessiné ou imprimé d’un trait d’encre noir le décor de la pièce et qui
cloisonnera les couleurs, les empêchant ainsi de se mélanger. Le dessin ainsi utilisé comme structuration et limitation à
l’expansion de la couleur n’est pas sans évoquer une autre technique issue des
arts appliqués, celle du vitrail. Chaque alvéole créée par le trait est
alors remplie à la main d’émail coloré en un geste. La goutte d’émail séchant
quasiment immédiatement au contact du biscuit. Une fois la pièce complètement
émaillée, celle-ci est cuite à 750°C pendant plusieurs heures. Une opération de
retouche de la pièce peut avoir lieu, nécessitant une deuxième cuisson à 750°C.
Cécile Van Der Haegen, technicienne textile à l'Esadse
Le tufting est une
technique de tissage qui consiste à piquer des fils de laine dans un
canevas
avec un motif dessiné au préalable. Il s'agit d'une activité artisanale
qui
consiste à insérer de la laine dans une toile grâce à un pistolet à
touffeter dans
le but de créer des tapis ou des décorations touffues.
Cette méthode vient de l’État de Géorgie aux États-Unis et a été créée
par des fabricants de tapis. Répondant à des impératifs de rendement et
de simplicité, il s’agit de la méthode
la plus rapide pour créer des tapis tout en jouant sur les textures et
les
épaisseurs, ce qui permet de créer des pièces de tout genre.
Marie-Aurore Stiker-Métral, designer, enseignante à l’Esadse, membre du Labo d’Objet
Bertrand Mathevet, technicien du pole modélisation de l’Esadse, membre associé de l’équipe de recherche Spacetelling
Susana Piteira, artiste, enseignante à la Faculté des beaux-arts de l’Université de Porto, FBAU
Vincent Rivory, responsable de l’atelier céramique à l’Esadse
Différentes techniques de
fabrication de bijoux sont explorées dans ce workshop : les techniques
de façonnage comme le martelage, le tréfilage, le
laminage, utilisées pour produire les différents éléments du bijou qui
sont ensuite ajourés, percés, emboutis… avant d’être assemblés/soudés au
chalumeau. Les outils sont variés : scie bocfil, lime aiguille,
triboulet,
brasure…
Des techniques de coulage à base de zamac (un alliage composé de zinc,
aluminium, magnésium et
cuivre) avec moules en sable de fonderie auront aussi été expérimentées.
Loïc Bonche, doctorant à l’Université du Québec à Montréal en partenariat avec l’Esadse
D’origine javanaise, le mot batik désigne une technique de teinture en réserve utilisée aussi
bien en Afrique qu’en Chine et dans le sud-est asiatique qui permet d’explorer
les possibilités de la toile dans une perspective à la croisée des traditions
artisanales et du travail contemporain du textile. Le nembok en est une variation spécifiquement indonésienne, inscrite
au patrimoine immatériel de l’humanité. Au cœur du faire, les gestes de la main se révèlent
à la cire avant de se révéler par la teinture : utilisation de l’outil du
canting et sa relation entre la main et le matériau ; expérimentation
de différents textiles assemblés, composés, avant sa mise en espace.
Juliette Fontaine, chargée du pôle édition-impression à l’Esadse, membre du laboratoire IRD
Cyril Bihain, artiste et enseignant à l’Académie Royale des beaux-arts de Bruxelles, ArBA
Graciela Machado, professeur à la Faculté des beaux-arts de l’Université de Porto, FBAU
Avec la participation de Michael Woolworth, imprimeur et éditeur.
La lithographie
est une technique de reproduction d’une image mis au point au XVIIIe siècle.
Basé sur le principe d’un tracé au médium gras sur une pierre qui est ensuite
transféré sur papier à l’aide d’une presse, le procédé est trop souvent perçu
comme lourd et contraignant. Néanmoins les expérimentations menées à Porto,
Bruxelles et Saint-Étienne proposent une approche nomade de la lithographie,
riche d’innovations collaboratives.
Lancé en France en 2018, le programme de recherche Arts & Crafts aujourd'hui
replace la thématique du mouvement Arts and Crafts dans le contexte
contemporain. Piloté par l’École supérieure d'art et design de
Saint-Étienne dans le cadre du Laboratoire d'expérimentation des
modernités, il regroupe depuis 2021 des équipes de recherche et des étudiants de 5
autres écoles d'art : l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles
(Belgique), l'Académie d’art et design de Bratislava (Slovaquie), la
faculté des Beaux-Arts de l’Université de Porto (Portugal), l’école des
arts visuels et médiatiques de l’Université de Québec à Montréal
(Canada) et l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan
(Maroc)(partenaire associé).
Le programme
Arts and Crafts aujourd’hui s'intéresse à la
problématique de la professionnalisation des jeunes artistes et
designers, sujet au cœur des préoccupations des établissements
d’enseignement supérieur
(EES) artistiques européens. Une des réalisations du programme est une plateforme collaborative destinée à recueillir les recherches, pratiques et réflexions sur le sujet : https://artsandcraftsaujourdhui.com
Programme financé dans le cadre du projet européen Erasmus +.