Un projet expérimental de Jean-Sébastien Poncet au sein du Deep Design Lab Cité du design, coproduit par l’École urbaine de Lyon – études urbaines anthropocènes.
Axe Terre des villes
Outils et scénarios pour faire monde avec une plante dite « invasive » – re-médiation des sols pollués.
Projet porté par : Jean-Sébastien Poncet, designer-chercheur associé au Deep Design Lab
Partenaire : Epase
2019–en cours
La renouée du Japon est ce qu’il est convenu d’appeler « une plante invasive ». Elle est classée parmi les 100 espèces préoccupantes de l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature). Son développement, favorisé par l’appauvrissement des sols et le dérèglement climatique, est responsable de la dégradation de milieux écologiques et d’infrastructures (routes, bâtiments, etc.) Elle n’est cependant pas exempte de qualités. Dans son aire d’origine, elle est une pionnière des sols volcaniques. Elle permet de stabiliser les éléments métalliques tout en « préparant » le sol pour des systèmes plus élaborés à l’image de la ronce qui dans les biotopes européens « couve » le gland du chêne pour céder plus tard la place à la forêt. Elle offre en outre plusieurs applications connues dans les domaines pharmacologiques et apicoles.
Nous posons l’hypothèse que la renouée du Japon peut être l’agent d’une remédiation des sols urbains, notamment dans les villes en situation de décroissance. Pour ce faire, nous imaginons une ferme dont l’activité s’articule autour de la renouée. Son modèle de fonctionnement repose sur le principe d’extraction des valeurs de la plante au profit de la remédiation des sols qu’elle occupe.
Nous proposons de travailler en terme de design sur la mise au point des formes techniques de l’activité agricole (outils, produits, etc.). Formes qui ont pour dessein au delà de leur fonction propre (biner, carder, abriter des abeilles, etc.) de poser les termes d’un contrat de cohabitation avec cette plante. Autrement dit, le design s’inscrit ici dans une démarche « cosmotechnique » (Ahmed Ansari) où l’objectif est de concevoir des outils qui permettent de faire monde avec-pour. Avec des habitants humains et non-humains, pour « maintenir et accroître la diversité biologique, source d’étonnement, garantie du futur » (Gilles Clément).
Jean-Sébastien Poncet, désigner-chercheur associé au Deep Design Lab
Jean-Sébastien Poncet est designer, il vit et travaille à Saint-Etienne depuis 2010. Un rapport contradictoire à l’expérience familiale de l’élevage l’orientent vers une pratique exploratoire des marges des paysages agricoles puis des tiers paysages.
Il explore par la suite les conditions d’un design paysan. Dans le prolongement de l’hypothèse de civilisation paysanne modernisée comme modèle d’alternative énergétique initiée par Yona Friedman, il tente de transposer ces pratiques communalistes des subsistances dans la démarche de design.
Le designer paysan s’attache ainsi à concevoir des conditions de cohabitations élargies entre humains et non humains. Il conçoit des tiers objets. Cousins proches des objets frontières, ils cristallisent des conflits d’usage entre des parties prenantes humaines et/ou non humaines. Inscrit dans le processus itératif de design, ils permettent de représenter ces parties prenantes dans la mise en forme des communs.
Ce travail sur les communs l’inscrit dans une pratique relationnelle pour laquelle implication habitante et architecture vivante deviennent les pièces constructives d’une pratique de dessin des espaces et des situations. Il travaille notamment avec le grand Lyon sur les socialisations parfois compliqués des animalités urbaine (pigeons, chiens,...), ou sur des projets d’innovation et de design social avec la 27e région, culture et coopération ou 360 demain. Il intervient également en projet d’aménagement au sein d’équipes pluridisciplinaires.
C’est en marge d’un de ces projets de commande en espace public en 2017, qu’il décide d’entreprendre des recherches sur le métabolisme des sols urbains. Elles prendront sens fin 2019 avec le projet « Renouer-intercessions d’une plante invasive en terre urbaine » et son inscription dans le programme du Deep Design Lab.
En 2020, il prend également les fonctions de professeur en design d’espace à l’ENSA de Dijon.
Ce travail a bénéficié d’une aide de l’Etat gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’investissements d’avenir portant la référence ANR 17-CONV-0004.