Samuel commence par apprendre le design textile à La Martinière durant deux ans. Une fois diplômé d’un BTS, il interrompt ses études pour se consacrer à la médiation culturelle. Ce chemin le mène à la Cité du design où il anime les visites guidées des expositions. Il intègre ensuite la section design (option numérique) de l’Esadse en 2012.
« Alors que j’étais encore en BTS, un professeur m’avait envoyé la captation du spectacle Cheval d’Antoine Defoort et de Julien Fournet, qui m’avait beaucoup inspiré. C’était un véritable choc esthétique. Lors du premier semestre de ma quatrième année à Saint-Étienne, j’ai contacté la structure de production au sein de laquelle avait été produit le spectacle pour demander un stage avec Antoine. Cette structure, qui s’appelle l’Amicale, est une coopérative de projets artistiques à mi-chemin entre les arts vivants et les arts visuels, basée entre Lille et Bruxelles. J’ai eu la chance de poursuivre ma collaboration avec Antoine dans le cadre de mon diplôme, puis d’intégrer la coopérative en 2016 à ma sortie d’école. »
Samuel est diplômé de l’Esadse en 2016 avec son projet Les Forêts peuvent muter. Ce travail propose un jeu de société hors-norme dans un espace virtuel, à la fois expressif et artistique. En 2017, à l’occasion de la 10e Biennale du design de Saint-Étienne, le jury de l’ADAGP (société française de perception et de répartition des droits d’auteur dans le domaine des arts graphiques et plastiques) remarque ce travail et décerne au jeune diplômé le Prix de la Révélation Design de l’année. Ce prix soutient financièrement le développement du projet et le médiatise par un portrait Arte Creative.
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« À ma sortie d’école, j’ai poursuivi ma collaboration avec l’Amicale sur le spectacle On traversera le pont une fois à la rivière, de Mathilde Maillard, Sebastien Vial, Antoine Defoort et Julien Fournet. Un des principes clé de la pièce était qu’elle était radio-diffusée sur le web en direct, ce qui nous permettait de créer des interactions entre le public-qui-est-resté-à-la-maison et le public-au-théâtre. Mon rôle au sein de l’équipe, en qualité de designer numérique, était de réfléchir aux enjeux artistiques et techniques amenés par ce dispositif particulier. Je coordonnais également le travail de deux amis développeurs, en faisant l’intérim entre les intuitions de l’équipe artistique et la réalisation de l’application web nécessaire au bon déroulé du spectacle pour le public-qui-est-resté-à-la-maison. J’ai ensuite accompagné la tournée du spectacle en France et à l’international pour assurer la régie technique du spectacle ainsi que la maintenance de la webapp (qui fut d’ailleurs réalisée avec un framework appris au Random(lab) pendant ma cinquième année, meteor.js). »
Entre 2018 et 2019, Samuel réalise une résidence-mission à Valenciennes dans le cadre du dispositif CLÉA (contrat local d'éducation artistique), en partenariat avec la métropole, la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) et l’Éducation nationale.
« Cette expérience consiste à rencontrer différents publics sur un territoire donné, pendant 6 mois. J’organisais des échanges pédagogiques dans des établissements scolaires ou avec d'autres acteurs sociaux, et dans tous les cas avec des publics qui ont peu accès à "la culture" comme on dit. Mon but était autant d’initier mes publics aux cultures du numérique, que de créer un cadre d’apprentissage moins hiérarchique, plus expérimental que celui qui est habituellement proposé en milieu scolaire. On a dessiné avec la souris, on a fait du code parfois, on a fait un projet autour de la téléphonie IP, etc. »
À la fin de cette expérience, Samuel a eu envie de partager ses ressentis en faisant un retour incarné à travers l’écriture de la BD Histoires courtes d'action culturelle. Cette production liée à cette période constitue un témoignage durable.
« Il y a eu beaucoup de rencontres : environ 18 structures en partenariat avec la mission. C’est une expérience dont l’intérêt est avant tout humain, puisqu’on est amené à travailler avec des personnes qui n’ont pas l’habitude d’aller au musée ou au théâtre. Je considère que c’est une chance de pouvoir travailler avec ces publics, que cela nécessite une gymnastique mentale très saine pour un·e producteur·trice d’œuvres de l’esprit, et que cela permet d’ancrer sa pratique dans une réalité sociale. Il faut bien sûr avoir envie de travailler dans des contextes qui manquent parfois de glamour ; c’est aussi un engagement politique ! »
Samuel écrit en ce moment Le tiret du six, en collaboration avec l’Amicale (création en novembre 2021 aux Subsistances, à Lyon). C’est une pièce interactive où le public est invité à venir au théâtre avec son ordinateur. Une version sans interaction directe, « le mode spectateur », a également été développée en parallèle pour diffuser la pièce avec un dispositif technique plus léger. L’expérience a été présentée ces trois dernières années à l’occasion de divers festivals : Effervescences à Clermont-Ferrand, le OFFTA à Montréal, le cabaret de curiosités à Valenciennes et au Festival d’Avignon, ainsi que dans plusieurs autres lieux : au Vivat à Armentières, à la Maison Folie Wazemmes (Lille Métropole 2020 – Capitale mondiale du design), à La Bellone à Bruxelles ou au labo NRV de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon.