20.01.2022
Conférence

Open DDL #1

Objectivité(s) relationnelle(s) – La vue globale comme image composite

par Simone FehlingerLieu
Le Théâtre
Bâtiment la Platine
3, rue Javelin Pagnon
42000 Saint-Étienne

Et ici (en ligne).

Demi-journée d’étude proposée par Simone Fehlinger, avec la participation de Sylvain Le Moal, Jean-Baptiste Hernandez et Alexandre Quoi, dans le cadre du cycle de rencontres Open DDL, proposé par les designers-chercheurs du Deep Design Lab, plateforme de recherche Cité du design-Esadse, en collaboration avec l’École urbaine de Lyon.

En étudiant la fabrication des images scientifiques publiées dans les atlas modernes, l’historienne des sciences Lorraine Daston et le physicien et philosophe des sciences Peter Galison constatent que l’objectivité scientifique a évolué depuis les Lumières. Ils proposent plusieurs « régimes » de représentation scientifique, selon périodes historiques avec ses spécificités techniques et culturelles1. Différentes objectivités semblent converger dans la version contemporaine de la vue globale – une déclinaison de « La Bille Bleue » – mise en scène par le bulletin météorologique : une version idéale de la nature, capturée mécaniquement, (re) composée virtuellement et décrite selon des connaissances professionnelles spécifiques. Le public voit l’illusion d’une photographie à haute résolution au lieu d’une image technique faite d’opérations, de références et de collaborations complexes.

À partir de son travail de recherche-design New Weather TV2, Simone Fehlinger propose une demi-journée d’étude pour explorer la science et la fiction de la vision globale. Inventée et continuellement actualisée par les Européens depuis le XVe siècle, cette perspective modélise profondément les relations entre l’Homme (occidental) et son environnement naturel SLASH artificiel. Dans le cadre de cette rencontre, nous allons étudier plus particulièrement l’objectivité (scientifique) de sa version contemporaine – une composition seamless (littéralement « sans coutures ») à partir de multiples images satellites générées par ordinateur. En lien avec les réalités matérielles de la production actuelle des planisphères (utilisés dans le cadre du bulletin météo), pouvons-nous trouver de nouvelles esthétiques formalisant une objectivité relationnelle à partir de la grille du mosaïque ? Pouvons-nous redéfinir une vision du monde en nous appuyant sur la réalité de ces images « composites », c’est-à-dire des images partielles et situées liées à d’autres images partielles et situées ?

Assemblage des orbites scannées par le satellite défilante MetOp © Centre de météorologie spatiale (CMS) Météo-France, 2020

Programme du 20 janvier 2022

Introduction
Simone Fehlinger (Deep Design Lab, Cité du design-Esadse)
Objectivité(s) relationnelle(s) : la vue globale comme image composite

Sylvain Le Moal et Jean-Baptiste Hernandez (Valorisation des Données Satellitaires, Centre météorologique spatiale, Météo-France, Lannion)

Alexandre Quoi (historien de l’art, responsable du département scientifique du Mamc+, commissaire associé de Vues d’en haut au Centre Pompidou-Metz)

Discussion

Visite de l’exposition Homo Spatius – Designers de l’espace, Cité du design

Open DDL – Cycle de rencontres 2022Voir le programme complet

Entrée gratuite sur inscription
simone.fehlinger@citedudesign.com


Ou en ligne.

La sécurité des intervenants et des publics reste la priorité. En raison des mesures sanitaires en vigueur, le pass sanitaire sera demandé à l’entrée du théâtre de la Cité du design.


Biographies

Sylvain Le Moal, ingénieur météo – responsable de la division Valorisation des données satellitaires au Centre de météorologie spatiale de Météo-France à Lannion.
Tout d’abord prévisionniste en métropole et outre-mer, spécialiste des assistances sportives, Sylvain Le Moal travaille ensuite au centre de recherche du Bureau of meteorology australien puis occupe divers postes d’encadrement. À ce jour, Sylvain Le Moal dirige une équipe spécialisée dans le développement et l’expertise de l’imagerie satellitaire. Il est le représentant français du groupe des utilisateurs des futurs satellites européens Meteosat 3e génération, participe au Copernicus Climate Change Service de l’Union européenne pour la validation de séries climatiques issues des satellites météo et au projet Cosparin de l’Agence spatiale européenne pour le développement d’un produit global d’estimation des précipitations à partir des données satellitaires. Il consacre aussi une partie de son temps à la formation des techniciens et ingénieurs de l’école nationale de la météorologie et participe à de nombreuses conférences. Depuis 2020, il est membre du Conseil supérieur de la météorologie.

Jean-Baptiste Hernandez, ingénieur météo – responsable adjoint de la division Valorisation des données satellitaires au Centre de météorologie spatiale de Météo-France à Lannion
Le début de carrière se passe en Alsace pour y recueillir et analyser les besoins des clients de Météo-France dans le Nord-Est. Jean-Baptiste Hernandez assure ensuite des activités de prévisionniste en Bretagne avant de rejoindre le Centre de météorologie spatiale de Météo-France. Il devient un expert du traitement des données des satellites météorologiques et contribue à plusieurs projets d’envergure internationale dans ce domaine.

Alexandre Quoi, historien de l’art – chief curator et responsable du département scientifique au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole (Mamc+).
Auparavant maître de conférences à Aix-Marseille Université, professeur intervenant à l’ENSP d’Arles et commissaire associé au Centre Pompidou-Metz des expositions Chefs-d’œuvre ? (2010) et Vues d’en haut (2013). Il a notamment organisé ces dernières années les expositions Bernar Venet, Les années conceptuelles : 1966-1976 au Mamac à Nice, et au Mamc+ Narrative ArtArt conceptuelEntrare nell’opera : actions et processus dans l’Arte Povera, Robert Morris : The Perceiving BodyLéa Belooussovitch: Feelings on felt, et Double je. Donation Durand-Dessert & Collections Mamc+.

Simone Fehlinger, designer – responsable du Deep Design Lab, Cité du design Saint-Étienne.
Diplômée d’un master en arts politiques (SPEAP) à Sciences Po Paris, elle développe une méthodologie de recherche à la croisée de l’art, du design et des sciences sociales. Elle explore des réalités fondées sur des fictions en questionnant la performativité du design et sa capacité à créer des idéologies à travers la forme. Avec un intérêt particulier pour les imaginaires de l’Anthropocène, les fictions politiques et la culture visuelle et matérielle contemporaine, elle interroge le design en tant que discipline définissant les interactions entre l’homme et ses environnements naturels et artificiels.


Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’investissements d’avenir portant la référence ANR 17-CONV-0004.

1Lorraine Daston et Peter Galison identifient le régime de « la vérité d’après nature », le régime de « l’objectivité mécanique », « l’objectivité structurale » ainsi que le régime du « jugement exercé ». Voir : Objectivité, Lorraine Daston Peter Galison, Les presses du réel 2007.
2New Weather TV s’intéresse à la production, diffusion et réception des images du bulletin météorologique et les fictions modernes qu’il incruste dans nos réalités quotidiennes : Une fiction qui évoque notre environnement comme objet externe, calculable, et qui se raccroche à l’image des états-nations bien que les migrants non-humains comme les aérosols ne peuvent pas être arrêtées à la frontière. Comment redesigner cette vision moderne du monde qui pénètre quotidiennement dans nos corps via le bulletin météorologique ?
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