Le 6 novembre dernier, L’EPCC Cité du design-École supérieure d’art et design de Saint-Étienne et la Ville de Saint-Étienne organisaient une journée professionnelle consacrée à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les projets de création. Synthèse des échanges et retour en images.
L’objectif de la journée était de consolider l’écosystème des arts numériques de Saint-Étienne et de favoriser la mise en réseau des acteurs œuvrant dans le champs de la création en environnement numérique. Cet événement, rassemblant une variété d’acteurs, dont la majorité issues des secteurs des industries culturelles et créatives (ICC), s’est déroulé sous la forme de tables rondes et conférences ouvertes à tous. Il était suivi d’un atelier réservé aux partenaires du projet européen EKIP.
Avec Luc Brou (coordinateur de la plateforme normande Oblique-s), Gabriel Soucheyre (directeur artistique du festival VIDÉOFORMES) et Morgiane Laib (Ville de Saint-Étienne/festival Pléiades).
La journée a débuté par la
présentation du réseau HACNUM, un dispositif interrégional qui soutient la
production artistique et accompagne les jeunes artistes vers la
professionnalisation.
+ d’infos sur HACNUM
Avec David-Olivier Lartigaud (Esadse) et les artistes Blanche Lafarge, Darya Danilovich et Aurélie Berthommier (Ramataupia)
Cette table ronde sur l’usage de
l’IA dans les processus créatifs rassemblait plusieurs artistes du festival Pléaides. À travers leurs expérimentations, ces derniers ont pu expérimenter et mettre en lumière le double rôle de cette nouvelle technologie : outil
puissant pour dépasser les limites techniques, elle est aussi un interlocuteur stimulant pour
un dialogue homme-machine.
Il ressort de cette discussion que l’IA est à la fois un catalyseur
de créativité, un objet d’étude critique et une source de défis pratiques et
éthiques, qui peut enrichir mais aussi complexifier le processus artistique.
Les artistes explorent ses potentialités
esthétiques tout en questionnant ses implications sociétales, politiques et
environnementales. Si l’IA permet d’enrichir les créations grâce à des
techniques inédites et des dynamiques interactives, elle soulève aussi des
enjeux éthiques, comme la standardisation et l’uniformisation des résultats,
les droits d’auteur et l’impact écologique. Afin de préserver une créativité unique face aux
évolutions rapides de ces technologies, il apparaît important que l’expérimentation, la personnalisation et
l’appropriation des outils d’IA par les artistes demeurent au
cœur de la démarche artistique.
Avec Mouna Mouncif Moungache (maître de conférences en droit public, directrice adjointe du CERCRID, coordinatrice du chantier transversal "Droit, critique et numérique"- Université Jean Monnet Saint-Étienne) et Gaëlle Rousseau (cabinet de conseil en propriété industrielle et présidente du CJD Saint-Étienne)
Cette table ronde explorait les impacts juridiques et réglementaires de la technologie de l’IA, en particulier dans le domaine de la propriété intellectuelle.
L’IA dépasse le statut d’outil traditionnel en restructurant les processus
créatifs et décisionnels, tout en soulevant des questions sur la protection des
créations. Deux régimes juridiques principaux sont affectés : le droit des
dessins et modèles, adapté aux réalités numériques par de nouvelles
réglementations, et le droit d’auteur, remis en question par le manque
d’empreinte personnelle de l’artiste dans les créations intégralement générées
par l’IA. Les œuvres hybrides, mêlant contributions humaines et IA, peuvent
néanmoins revendiquer une protection juridique. À l’échelle européenne, des
cadres comme le Data Act et le règlement IA imposent des obligations de
transparence et de documentation, mais la collecte massive de données, souvent
sans consentement explicite, pose un défi persistant.
La table ronde a
également souligné les enjeux environnementaux et éthiques des systèmes d’IA,
ainsi que la complexité des relations contractuelles entre artistes, employeurs
et plateformes d’IA.
EKIP (European Cultural and Creative Sectors and Industries
Policy Platform) est un projet européen de cartographie, de test, d’analyse et de
maillage des Industries Culturelles et Créatives (ICC). L’EPCC Cité du design-École supérieure d’art et design (Esadse) fait
partie du consortium constitué dans le cadre de ce projet. En tant que
ville créative de design UNESCO en France, Saint-Étienne est devenue une
« ville-test » du projet dans laquelle seront menés des ateliers/workshops destinés
à identifier, cartographier et stimuler les écosystèmes des ICC.
En savoir + sur EKIP
Une dizaine d’acteurs locaux
étaient présents à cet atelier. Les organisatrices ont souhaité favoriser la diversité et
l’interdisciplinarité, en invitant des industries culturelles et créatives
(ICC) stéphanoises, des profils plus institutionnels, des universitaires et des
étudiants de l’Esadse.
L’atelier avait pour objectif d’étudier, en utilisant l’intelligence collective, l’influence de l’IA sur les ICC et de comprendre les opportunités et
les difficultés que représente pour elles cette technologie en constante évolution. Trois groupes de 3/4 personnes étaient invités à réfléchir à l’enjeu qu’ils considéraient comme le plus urgent par rapport à l’IA.
Sans se
concerter, tous les groupes se sont mis d’accord sur le besoin de formation. Ils ont
identifié l’IA comme ayant un fort potentiel créatif et reconnu qu’il est nécessaire de
travailler avec ces nouveaux outils, car ils sont aussi un moyen de rester
compétitif, attractif et productif.
Les plus petites ICC voient également dans l’IA un
atout pour améliorer les processus de diffusion de leurs contenus, et donc un
moyen de les rendre plus visibles si elle est bien utilisée.
L’adoption des outils
d’IA par les petites et moyennes ICC est également importante car elle leur offre davantage
d’autonomie. La démocratisation de ces technologies par la formation fait en sorte que la technologie ne soit pas monopolisée par les grandes entreprises, aussi bien en termes de ressources que de connaissances.