Après une semaine de résidence d’écriture, Emmanuelle Becquemin et les jeunes chercheurs et chercheuses du CyDRe se sont retrouvés pour échanger au sujet de l’écriture de leurs projets de recherche.
En quelques heures sont successivement abordés les rapports à l’écriture, l’écriture en tant qu’exercice plastique et/ou support à la communication de la pratique artistique, l’analyse de références, la construction d’une bibliographie et d’un corpus d’œuvres… L’écriture est questionnée, triturée, recherchée.
Le CyDRe s’est réuni pour un temps d’échanges collectif pendant lequel chaque personne lit les textes sur lesquels elle a travaillé récemment. Un moment orchestré par Emmanuelle Becquemin, pour mettre en commun leurs idées, parfois mettre des mots.
Toutes et tous ont un sens aigu de l’écoute. À la fin de chaque présentation, les réactions sont nombreuses, spontanées, toujours douces, sans être complaisantes. Certaines personnes présentes apportent une observation liée au fond ou à la forme, posent des questions ou font des suggestions si la présentation s’est accompagnée d’hésitations. Les réflexions en cours sont ainsi formulées et clarifiées.
Écrire est aussi une manière de digérer.
Si l’exercice est commun, les productions de textes sont toutes aussi variées que les projets portés par les étudiants et étudiantes en post-diplôme.
Cinq travaux en cours ont été placés au centre de cette après-midi dédiée au partage des dernières rédactions des étudiants et étudiantes en post-diplôme.
Laura Ego lit son article au sujet de la pratique du catch et du drag à Saint-Étienne dans lequel iel décrit sa recherche (notamment d’archives, soulevant au passage les enjeux liés à l’effacement de certaines luttes dans l’Histoire), ses questionnements, ainsi que sa pratique du catch et du drag, toujours en liant sa pratique personnelle à une réflexion sociale et politique plus large. Son écriture tire tous les fils qu’elle rencontre, délie des tas de nœuds, et retisse pour le lectorat une matière étonnante et cohérente.
Si Alex Delbos-Gomez et Samantha Zannoni travaillent actuellement tous deux sur des sujets liés aux serveurs informatiques, leurs approches sont très différentes. Dans le cadre de ce module, Samantha présente un texte (hébergé sur le site qu’elle a développé) mêlant récit d’expérience personnelle (au sein d’une initiative locale de création hackerspace transféministe) et références liées à la critique des technologies actuelles et historiques, à l’échelle locale et internationale. Alex se focalise, quant à lui, sur l’objet serveur en lui-même, questionnant sa place, sa visibilité ou invisibilité… Dans ses pièces plastiques comme dans ses textes, ressort son attrait pour le baroque1. À travers le serveur, il interroge notre relation aux objets2, aux récits3, à la souveraineté technique4.
Enfin, comme une mise en abîme, une thématique importante (qui réunit actuellement trois chercheuses) est celle de l’écriture. Laïta Cardin travaille sur la mise en mots, les définitions, les normes, les couches de sens, l’empreinte du contexte… De façon ludique et précise, elle tisse son texte et lui donne une forme qui résonne avec son fond, comme le relève une autre membre du CyDRe à la fin de la lecture. Lucie Sahuquet s’intéresse pour sa part aux enjeux liés à l’écriture, aux poids des normes… Elle donne une consistance aux rapports de pouvoir qui sont habituellement à lire entre les lignes, et conservant volontairement des fautes d’orthographe, perturbe le lectorat, l’amène à questionner ses habitudes, ses jugements de valeurs…
L’écriture est justement au cœur d’une future parution de la revue Azimuts.
L’appel à contributions « Se permettre l'écriture chez les designeur·euse·s, artistes et/ou chercheur·euse·s (☀✬❀) » est ouvert jusqu’au 27 janvier.
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