Entretien

Le design centré usagers, l’approche des Labos

par Manon Oresve

Entretien avec Mathilde Chevallier, designer, qui témoigne de sa collaboration avec la Cité du design dans le cadre des Labos mis en place pour l'édition 2019, reconduits en 2022 pour la 12e édition de la Biennale

Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2019 ©P. Grasset

Comment peux-tu définir l’approche mise en place ?
Il s’agit d’une méthodologie d’évaluation et de co-création avec les usagers et l’entreprise. Les Labos permettent d’impliquer les usagers – en l’occurrence les visiteurs de la biennale – dans le processus de création. Quel que soit le niveau de développement du produit ou service – qu’il y ait un prototype ou que ce soit encore une idée – le Labo permet d’évaluer et de tester les concepts. Les visiteurs évoluent dans les différents modules du Labo et sont progressivement amenés à y participer plus « activement ».

Quel est le rôle du designer au sein de ce format ?
Le designer est un peu comme un traducteur, il fait le lien entre l’entreprise et les usagers. Il propose un protocole et les outils adaptés afin de présenter le projet aux participants et aborder toutes les problématiques soulevées par l'entreprise. Au sein du Labo, chaque module correspond à un aspect du projet à tester, valider, inventer... Le designer traduit ensuite les données collectées lors du Labo, relève les éléments significatifs, puis fait émerger les pistes de développement à prioriser.

Le designer est un peu comme un traducteur, il fait le lien entre l’entreprise et les usagers. Il propose un protocole et les outils adaptés (...).

Mathilde, designer

Plus concrètement, quelles sont les différentes étapes d’un Labo ?
Lors d’un premier échange avec l’entreprise, nous établissons un diagnostic. Cette étape permet d’identifier les enjeux, de valider ensemble les objectifs du Labo et le profil des participants à privilégier si cela est pertinent (dans certains cas). C’est à partir de ces éléments que nous définirons le protocole d’interactions avec les participants. L’idée, le service ou le produit est ensuite testé lors de la Biennale. Le designer anime le Labo, accompagné par une personne de l’entreprise. À la suite du Labo, nous réalisons un livrable qui recense les tendances identifiées à partir des retours et propositions des participants.

Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2017 ©Pierre Grasset

Quels outils ou quelles méthodes sont déployé(e)s lors d’un Labo ?
En introduction du Labo, chacun se présente : l’entreprise, le projet et les participants. Nous collectons alors des informations concernant les profils des usagers en lien avec la thématique abordée et la perception qu’ils ont du projet, cela peut-être via des cartes/images (photo-langage). Les données sont collectées le plus souvent via un questionnaire numérique. Dans les modules d’expérimentation, les participants manipulent les prototypes au travers de mises en situation pour les amener à se projeter plus facilement. Cette partie sert à valider l'usager, améliorer l’ergonomie du produit ou de l’interface. Lorsqu’il n’y a pas de prototype, nous proposons alors des jeux de projection (via photos, cartes, pictogrammes…). Après l’expérimentation, les participants partagent leurs idées, suggèrent des éléments à apporter afin d’améliorer le projet, et peuvent élaborer à leur tour des scénarios d'usages, en vue de se projeter dans l'utilisation du produit ou service via différents contextes.

Pour les participants, c’est plus que donner son avis, ils deviennent parties prenantes du processus de création.

Mathilde Chevallier, designer

Quel retour d’expérience peux-tu faire des Labos ?
Pour les entreprises c'est une plus-value importante : c’est l’opportunité de bénéficier de retours des utilisateurs pour tester une idée, prioriser des pistes de développement, valider un concept de service, expérimenter un prototype, etc. Lors de la Biennale, les Labos permettent d’interagir avec un public large en termes de profils, de tranches d’âge. Les visiteurs sont curieux et se prennent au jeu. Pour les participants, c’est plus que donner son avis, ils deviennent parties prenantes du processus de création. Les usagers se sentent comme des ambassadeurs du produit, service, concept innovant. Certains souhaitent même rester en contact avec l’entreprise et ont envie de s’investir davantage.

Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2019 ©P. Grasset

Le format Labo est proposé aux entreprises souhaitant s'investir dans la Biennale. Un dispositif de trois jours, qui permet aux professionnels de rencontrer le public et leur donne ainsi l'opportunité d'échanger sur leurs projets à venir.


Renseignements :
Manon Oresve, coordinatrice du Carrefour des expériences
manon.oresve@citedudesign.com

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