L’Antenne présente par ses vitrines, des vues et cartes de la zone du Pont de l’Âne à Saint-Étienne, sa toponymie spécifique appliquée et des captations vidéographiques en différents points de ce territoire.
Faire Steel #3 s’est matérialisé par la volonté de mettre en lumière un plan récent d’urbanisation en périphérie de ville, tout près d’une autoroute, à l’heure de la désertification des centres-villes français. Ce plan a donné lieu à la construction d’un complexe commercial (STEEL), lui-même extension d’une zone commerciale aux enseignes variées déjà existantes, à l’entrée de ville de Saint-Étienne, Loire (42).
Faire Steel #3, à travers un reportage photographique et vidéographique qui débute en 2018, s’attache à l’idée du chantier passé ou à venir, et l’impact saisissant qu’il peut avoir sur le paysage environnant. C’est aussi une tentative de compréhension de ces initiatives publiques et politiques qui collatéralement amoindrissent les zones de résistances dites « vertes ».
Pont de l’Âne, est cet ancien faubourg qui comptait des jardins-ouvriers et quelques logements isolés et enchâssés parmi les activités économiques qui se sont succédées au fil des générations. À cet endroit, la naissance du chemin de fer, la toute première ligne en France à transporter le charbon par hippotraction vers le port d’Andrézieux, qui permettait une nouvelle liaison, uniquement faite dans le passé par voie fluviale entre Loire et Rhône, deux versants opposés.
Cette nouvelle présentation est un état des lieux de la recherche menée par le collectif d'artistes Topotrope et l’élan de trois journées d’études universitaires entre octobre et décembre2021 consacrées à l’arpentage de cette entrée de ville de Saint-Étienne, à la prise de vue photographique et sonore avec avec des étudiants en sociologie et sciences politiques de l’UJM Saint-Étienne, et des étudiants en art et design de l’Esadse au sein du laboratoire de recherche IRD (Images-Récits-Documents).
Tenter de façonner sa propre spatialisation, poser ses données, inscrire routes et passages, marquer, figurer le territoire, s’orienter peut-être mais rendre figure, même fragmentaire, à cette occupation des sols. De cette rencontre et de ces échanges, Topotrope a continué à définir et faire mûrir son désir d’implanter un « parcours santé » dans ce périmètre, dynamiser le visible, initier la propagation de l’imaginaire et comprendre les paradoxes qui en permettent le relief. Là, s’exprime notre milieu habité.
L’identification de points de géo-acupuncture1 inscrits sur une cartographie, et nouveau GR, comme autant de balises pour apprécier et embrasser la géographie du lieu. À ces endroits, pratiquer une forme de soin par l’observation, la contemplation. L’intervention, soit de l’enregistrement de cette apparence paysagère à un moment donné, soit de sa traversée éprouvée, considère la pluralité des points de vue. Révéler les lieux par leurs marges et par l’image.
De courts films projetés permettent de fixer différents sites à sa toponymie. Œil témoin de ce qui se mêle dans les espaces intermédiaires et renoue avec une forme d’indétermination, enregistrés sur une durée. Corps vivant. Un plan pour s’orienter est disponible à L’Antenne2, qui permet d’aller marcher dans le secteur du Pont de l’Âne, d’y observer le remarquable et ses formes en creux, de trouver les traces d’interventions in-situ de Topotrope dans le paysage environnant.
Appréhender l’histoire physique et symbolique de la zone couverte par la marche.
Découvrir l’endroit à pied par un itinéraire et insister, s’y perdre.
Dans cette idée de pratique de la recherche-action, nous questionnons les politiques d’aménagement, nous observons ce sur quoi et autour de quoi ces politiques sont menées, mais bien au-delà, nous défions la forme documentaire de l’image et son indicialité pour y voir plus loin et envisager ces différentes propositions d’habiter l’espace commun depuis les différents langages ou points de vue des disciplines que nous aurons sollicités autour de ces enjeux.
Ces actions participent à l’étape de défrichage visuel baigné de soin localisé, pour faire place à la transformation inévitable de ce périmètre dans des conditions assainies énergétiquement, et où, dans les années futures, une Hyper Colonne sera érigée, à la fois plateforme, belvédère du paysage et ascenseur spatial.
En s’appuyant sur l’expérience du collectif artistique Topotrope (soutenu par l’aide à la création Région Auvergne Rhône-Alpes), la conception et la production de l’exposition Faire Steel #3 permet un questionnement sur l’articulation de propositions conceptuelles (théoriques) à des propositions plastiques. Les formes de monstration, leur spatialisation, leur matérialité (virtuelle ou physique) trouvent leurs places à L’Antenne. Cet espace d’exposition de l’Esadse situé au cœur du centre-ville est d’autant plus intéressant qu’il est question, dans l’exposition Faire Steel #3, de l’espace péri-urbain que constitue l’entrée de ville. Cette « mise en friction » offre un cadre d’expression unique qui converge naturellement avec la thématique générale de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2022 : Bifurcations.
Le numéro 54 de la revue de recherche en design Azimuts accueillera également un cahier concernant ces travaux accompagné d’un texte scientifique des chercheurs Christelle Morel-Journel et Aisling Healy.
En collaboration pour l’exposition qui est soutenue par le projet A.R.T.S (Arts, Recherche, Territoires, Savoirs) : Julio Bescós, Alexandra Caunes, Angèle Corthay, Juliette Fontaine, Juliette Georges, Jovien Panné et Matis Perrot.
Au sein de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, le projet se construit dans le cadre de l’axe « Documenter, fictionner un territoire » du laboratoire IRD avec :
– Alexandra Caunes, artiste, responsable du pôle photographie et vidéo de l’Esadse, membre du laboratoire IRD de l’UR Design et création
– Juliette Fontaine, responsable du pôle édition de l’Esadse, membre du laboratoire IRD de l’UR Design et création
– Jean-Claude Paillasson, enseignant-chercheur, professeur de philosophie & esthétique (théorie critique), co-responsable du laboratoire IRD, membre du studio Expériences sensibles et recherches urbaines du LabEx IMU
– Julio Bescós (Topotrope), artiste invité
Au sein de l’Université Jean Monnet, le projet se construit avec les acteurs du Master Altervilles avec :
– Christelle Morel-Journel, maîtresse de conférences en géographie-aménagement au Département d’études politiques et territoriales de l’Université de Saint-Étienne et chercheure à EVS-Isthme (UMR CNRS 5600), membre du Comité d’orientation stratégique du LabEx IMU « Intelligences des mondes urbains » (Université de Lyon) et co-responsable du master Altervilles, en partenariat avec Sciences Po Lyon.
– Aisling Healy, maîtresse de conférences de science politique au Département d’études politiques et territoriales de l’Université de Saint-Étienne, chercheure au laboratoire Triangle (UMR 5206). Elle est également co-responsable du master Altervilles.
Au sein de l’Université Jean Monnet et du Centre national de la recherche scientifique, le projet se construit avec le Master Formes et outils de l’enquête en sciences sociales avec :
– Michel Rautenberg, anthropologue, professeur de sociologie à l’Université de Saint-Étienne, chercheur au Laboratoire de sociologie généraliste Centre Max Weber (UMR 5283) rattaché au CNRS, à l’École Normale Supérieure de Lyon, l’Université de Saint-Étienne et l’Université Lumière Lyon 2.
Accès en bus
Ligne 16, arrêt Pont de l’Ane
Ligne M5, arrêt Rond-Point Pinay
Ligne M3, arrêt Rue des Allies
Accès à pied
Rue Emile Zola
Accès en voiture
45°26’45.5″N4°25’11.3″E