Appel à communication

Faire, encore

Appel à participation AD•Rec 2025

English version
Faire, encore, la conférence Art Design Recherche (AD•REC) 2025, aura lieu à l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (Esadse) à la Cité du design durant la Biennale Internationale Design Saint-Etienne, dont la 13e édition a pour titre : Ressource(s), présager demain.

Elle comporte deux volets : un colloque qui se déroulera les 27 et 28 mai 2025, ainsi qu’une exposition. 

L’appel à participation est ouvert aux dépôts sur la plateforme ScienceConf jusqu’au 20 décembre 2024.

Visuel de l’édition 2024 de la conférence AD·Rec, organisée par l’ENSCI et l’ENSBA Lyon © Atelier Baudelaire

par Cléa Di Fabio

Penser, c’est toujours expérimenter, non pas interpréter, mais expérimenter, et l’expérimentation, c’est toujours l’actuel, le naissant, le nouveau, ce qui est en train de se faire.

Gilles Deleuze, Pourparlers, 1990

Questionner les « façons de faire » de la création actuelle

AD•Rec 2025 se propose de réunir des recherches menées principalement dans les écoles d’art et de  design, et qui examinent les pratiques actuelles et les modalités de fabrique. La conférence comporte deux volets qui sont en synergie – des communications et une exposition – l’appel à participation liant les deux, de façon à atteindre trois buts : un dialogue chaleureux entre les participants ; la découverte mutuelle des créations des équipes, avec une perspective esthétique et réflexive ; la mise au jour de connaissances nouvelles issues des recherches et des discussions.

L’enjeu de la conférence est de dégager les valeurs du faire dans la création, ses conditions, et ses formes d’efficacité dans des milieux de vie en transformation, et de mettre en commun les connaissances scientifiques élaborées par les équipes. L’intention est de capter la tension qui se cristallise autour de l’empreinte des choses.  Sur la surface terrestre, le poids des constructions humaines est désormais supérieur au poids de la biomasse. Comment arbitrer entre l’urgence vitale d’alléger, de ménager, de nettoyer, et l’appétit d’objets signifiants et beaux ?  

La recherche des écoles offre un panorama d’expérimentations auxquelles les préoccupations et engagements des étudiant·es ne sont pas étrangers. Grandissant dans des milieux de vie mis à l’épreuve par les inéquités géopolitiques et les injustices climatiques, ils, elles et iels font face à de premiers stades d’inhabitabilité : la ville à 50°C, le manque d’eau, les inondations destructrices, la sixième extinction de masse. La situation pousse à imaginer les objets et les signes qui donneront du sens à des manières encore inconnues de faire, de vivre et d’être, au travers de tous les médiums, plastiques, picturaux, graphiques, numériques, visuels. Les expériences de faire autrement, faire ailleurs, faire avec – avec ce qu’on a, avec qui on veut, avec les autres, avec modération, avec soin –  foisonnent dans les écoles d’art et design, les écoles d’architecture, les pôles universitaires, les écoles d’ingénieurs et les écoles de management. La recherche des écoles se trouve engagée dans les tentatives de régénération des milieux de vie. 

La conférence AD•Rec 2025 rassemble et confronte les notions et concepts, les attitudes et valeurs, les méthodes et  techniques. Cette mise au jour est animée par la conviction que la création est essentielle à des idéaux et images qui préparent les transformations, et qu’elle en est même la source.

Axes thématiques

Artistes et designers se donnent-ils des conditions pour créer des formes nouvelles dans un monde saturé d’objets ? Peut-on formuler ces conditions et en donner des exemples ?

Un monde même surchargé a besoin d’objets nouveaux, qui donnent du sens et une esthétique à l’époque. Quelles règles éthiques ou techniques se donnent les créateur·ice·s ? Quels arbitrages sont à l’œuvre ? On pense bien sûr au respect des normes environnementales et des pratiques de recycling, upcycling, récupération, diminution de matière, à la redevabilité et à la transparence dans l’usage des matières, des énergies et des infrastructures, au low tech, à l’open source, au permacomputing …

On voit aussi des inspirations venues d’un sens de l’intérêt général : la philosophie des commons, le respect de toutes les formes de vie, la sensibilité au territoire et au local, le travail sur les archives et la création dite documentaire, la reconnaissance des vulnérabilités, la dénonciation des discriminations. Ces attitudes et pratiques sont-elles à la source d’une esthétique ? Provoquent-elles des renoncements ? Quelle pensée critique quant aux dépendances aux environnements industriels et économiques, et à la persistance de dominations de fait, à l’embrigadement involontaire de mains invisibles par les infrastructures de la recherche créative au moment même où la création en mûrit la critique ?

Mots-clés : recycling, upcycling, récupération, diminution de matière, redevabilité, transparence, énergies, infrastructures, infrastructures, code, algorithme, donnée, low tech, open source, communs, coopérations, intérêt général, local, héritages, archives, documentation, savoirs vernaculaires, vulnérabilités, discriminations, dominations, altérité, care.

Quelle agentivité caractérise le travail créateur des arts et du design ?

Agir par la création n’est pas simplement dépendant d’un artefact. Intéressons-nous aux dimensions performatives, symboliques, relationnelles, politiques en amont et en aval de la production. La performativité du graphisme, incorporée dans les conduites routinières, définit sémiotiquement les usages de l’espace et son intelligibilité. Cela joue dans l’expression de l’autorité, par exemple le pouvoir d’une signalétique urbaine, ou en résistance, avec l’objet manifeste, la performance activiste, la portée critique et de contre-pouvoir que peuvent signifier une architecture éphémère, une œuvre numérique, une image. La seule inscription, non fonctionnelle, fabrique un territoire symbolique, et donne forme à l’expérience d’autrui en restituant une présence inter-subjective qui ne passe pas par le langage verbal. 

Des artistes œuvrent à un “non-doing” et “non-making”. Ce n’est pas “un rien”. C’est un acte. Il pose le non-faire comme un refus de s’inscrire dans un ordre du monde que l’on désapprouve. Il réagence du “déjà fait” et “déjà là”, archives ou choses. De plus, les pratiques performatives sont adressées. Elles agissent sur les publics. Comment se diffuse leur pouvoir de transformation ? Comment sont-elles réappropriées, détournées, traduites, mises en circulation et en actes ? Les formes performatives apportent-elles une expression adaptée à l’état du monde présent ? En quoi les étudier enrichit-il la compréhension de l’agentivité du travail créateur et de sa création, généralement et spécifiquement aujourd’hui ?

Mots-clés : performativité, symbolique, agentivité, appropriation, œuvrer, relations, politique, artefact, manifesto, non-doingnon-making, agencement, éphémère, activisme, signalétique, lignes d’erre, signe, dessin, nouveaux énonçables, non visible, non connu.

Ce que les arts et le design font aux industries. Ce que les nouvelles fabriques font à aux arts et au design.

Que produisent les arts et le design ? Quelles transformations effectives opèrent-ils ? Alors même que les approches créatives s’intéressent aux mutations sociales qu’impose la profondeur des transformations de la vie, l’industrie prépare sa redirection. On donne ici à industrie le sens d’activité humaine industrieuse et tournée vers l’amélioration de la vie. Dans ce sens, aux usines s’ajoutent les micro-fabriques, les fermes, les collectifs artisanaux… Quels rôles de médiation ou d’instigation les métiers des arts, du design, de l’architecture jouent-ils dans la réinvention de la vie sociale, de la vie quotidienne, de la vie de travail, comme d’activités industrielles, scientifiques, artisanales ? On peut penser aux objets, procédés, infrastructures qui répondent à de nouveaux besoins, marchés et normes ; aux apports spéculatifs et imaginatifs des artistes et designers en laboratoire ; aux résidences et incubations, incluant les mondes ruraux et les compagnonnages.

Dans quelles directions évoluent les systèmes de production alternative ? Quel impact ont ces domaines d’activité sur les trajectoires des designers et artistes ? Des recherches sont-elles en cours sur de nouvelles professionnalités ? L’expérience des milieux fait-elle évoluer les artistes et des designers vers la recherche technologique, biotechnologique, écologique, historique et anthropologique, ou tout autant vers l’activisme ?

Mots-clés : milieux de vie, industries, redirection, mutations, transformations, médiation, effectivité, artisanat, micro-fabriques, fermes, mondes ruraux, compagnonnages, résidences, incubations, objets, procédés, infrastructures, laboratoires, imagination, trajectoires, professions.

Par infrastructures théoriques, on entend l’apport des savoirs historiques et de la pensée philosophique à la réflexion sur la fabrique (technique) et sur l’agentivité (transformatrice). 

Comment sont interprétées dans les écoles d’art et de design les théories esthétiques, de l’architecture ou des techniques ? Dépasse-t-on, dans les enseignements, la quête de références et de modèles peut-être exposée aux pièges des analogies ? Sans doute. Comment alors caractériser avec ces appuis le faire contemporain ? S’en trouve-t-il pluralisé, décentré ? Peut-on ainsi aider à mesurer si l’environnement historique actuel le rend singulier ? On peut, symétriquement, se demander si ce faire contemporain apporte des voies de renouvellement à l’esthétique et au domaine Arts et Industries.

Le colloque s’enrichirait également de contributions s’intéressant aux combinatoires interdisciplinaires, par exemple avec les sciences des matériaux, les sciences du vivant ; les sciences écologiques, les sciences de la terre ; l’anthropologie, les sciences politiques et les études critiques du colonialisme et des études de genre en ce premier quart du XXIe siècle.

Dans une approche historique, des études concernant les apports des précédentes interventions des arts et du design dans la critique des industries, en esthétique et dans la recherche formelle, seront aussi attendues. Comment interpréter – et réutiliser au mieux – les appuis pris sur des mouvements, des groupes, des écoles pour en faire quelque chose au présent, alors même que nos circonstances environnementales spécifiques excluent les simples analogies ou la quête de modèles ?

Enfin, quel dialogue existe au sein des écoles, ou dans le cadre des événements de recherche et d’exposition, entre équipes de recherche et étudiant·e·s ?

Mots-clés : théorie critique, histoire, futur, avenir, utopies, spéculations, sociétés, apprentissages théoriques, perspectives.

Dates clés

  • 16 décembre 2024 : webinaire Q&A de 13h à 14h (Teams, ID : 319 150 396 401 / Code : ig8BGB)
  • 20 décembre 2024 : deadline du dépôt des propositions sur  la plateforme Sciencesconf.
  • 12 février 2025 : les notifications (acceptation ou refus) et commentaires des expertises en double aveugle seront accessibles sur la plateforme.
  • 5 mars 2025 : date limite de réception de la proposition définitive.
  • 28 mars 2025 : date limite d’inscription à la conférence d’au moins un·e des auteur·ice·s et de réception à la Cité du design des œuvres exposées et des images à imprimer.
  • 22 mai 2025 : ouverture de l’exposition de la conférence dans le cadre de la 13e édition de la Biennale Internationale Design Saint-Étienne (22 mai au 6 juillet 2025) qui a pour thème : Ressource(s), présager demain.
  • 27-28 mai 2025 : colloque AD•Rec 2025 Faire, encore.
  • 6 juillet 2025 : clôture de l’exposition et clôture de la Biennale.

Lien vers l’appel sur la plateforme SciencesConf

Vous trouverez sur SciencesConf l’intégralité des documents de l’appel à participation. C’est également via cette plateforme que vous pourrez déposer vos propositions de communications et de projets pour l’exposition.

SciencesConf AD•Rec 2025 : Faire, encore

Vous pouvez adresser vos questions à adrec.bid2025@esadse.fr


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