Doctorat Arts, mention Arts Industriels
La mention Arts industriels est une mention du doctorat Arts de l’université Jean Monnet proposé par l’ED 484 3LA et relevant de la 18e section du CNU.
Delphine Hyvrier, soutiendra sa thèse de doctorat en Arts Industriels, préparée à l’Université Jean
Monnet de Saint-Etienne en partenariat avec l’Esadse, intitulée
«
Espaces sauvages, Paysans
arriérés, Modernisation et destruction de la paysannerie », le jeudi 21 novembre 2024 à 9h30.
Ce doctorat a été réalisée sous la direction de Danièle Méaux, Olivier Peyricot et Pieter Uyttenhove.
Cette soutenance publique se déroulera dans le théâtre (bât. La Platine, Cité du design-Esadse).
Le jury sera composé de :
• Gwenaëlle Bertrand, Maîtresse de conférence, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
• Kenny Cupers, Professeur, Université de Bâle
• Corinne Jacquand, Maîtresse de conférence, École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Belleville.
• Danièle Méaux, Professeure émérite, Université Jean-Monnet, Saint-Étienne
• Olivier Peyricot, Designer indépendant, Fondation Martell, Cognac
• Antonella Tuffano, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
• Pieter Uyttenhove, Professeur émérite, Université de Gand
Cette thèse propose
de considérer l’invention du mode de vie dit « occidental » ou
« moderne » au prisme de la destruction de la paysannerie. Ce mode de
vie s’est généralisé en France entre les années 1945 et 1965. Jusqu’alors la
majorité des habitants du territoire français étaient paysans et vivaient d’une
agriculture de subsistance, fabriquant et réparant leurs habitations, objets,
biens quotidiens de façon communautaire.
En l’espace d’une
génération, ces cultures qui permettaient de vivre en fonction des ressources
écologiques disponibles ont quasiment disparu. Cette époque de changements est
accompagnée par l’essor de l’architecture et du design moderne, qui ont donné forme
aux objets et espaces de ce nouveau mode de vie « moderne » désormais
hégémonique. Puisque le monde que ces disciplines ont façonné s’avère être
écologiquement et socialement insoutenable, il est nécessaire de comprendre la
genèse de telles pratiques. Celle-ci est explorée par deux études de cas.
Au cours des années 1950-1960, les habitants de Tignes, dans les Alpes, et de Kourou, en Guyane française, ont été expulsés et expropriés par l’État afin de construire de grands projets devant servir la modernisation de la France. Tignes a été noyé pour laisser place au lac du barrage du Chevril, alors le plus haut barrage d’Europe, Kourou accueille désormais Centre Spatial Guyanais, le port spatial européen. Un relogement dans des habitations dites modernes a été proposé aux paysans expulsés. Cette transformation radicale de leur vie, de leur territoire, a été justifiée par les concepts de « progrès », de « développement » et de « modernité ». Enquêter sur le changement vécu par ces habitants permet de comprendre la réorganisation politique et écologique qu’a constitué cette rapide conversion des paysans au mode de vie « occidental ».
Seule une minorité a pu tirer bénéfice de ces projets, et les conséquences sociales et écologiques sont à moyen et long terme catastrophiques. Les inégalités exacerbées et la dégradation extrême des milieux écologiques locaux invalide les promesses de « développement ». Ce constat implique de confronter le projet moderne et ses pratiques à son héritage extractiviste et l’idéologie coloniale suprémaciste le sous-tendant.
Retracer comment ont été oubliées les cultures paysannes fait alors considérer le design et l’architecture modernes comme des processus créatifs par lesquels on détruit en construisant. L’exclusion et l’altéricide sont des modes de construction, l’architecture et le design peuvent être des outils d’amnésie collective.
InstallationJe ne connais pas les chants Je ne connais pas les dansesDelphine Hyvrier + invité.e.s