23.03.2022/10:1516:15
Colloque

Dessins d’après...

par Sandra JacquierAuditorium de L’Esadse
3 rue Javelin Pagnon, Saint-Étienne

Clémentine Post, d'après une œuvre de Rémy Hysbergue, 2022

Inscription en présentielInscription webinaire 23 mars matinInscription webinaire 23 mars après-midi

10h15 - Ouverture des journées

Anolga Rodionoff, directrice du laboratoire ECLLA, Université Jean Monnet de Saint-Étienne
Éric Jourdan, directeur de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne

10h30 - Introduction

Anne Favier, Maitresse de conférences en Sciences de l’art, Unité de recherche ECLLA, département d’arts plastiques, Université Jean Monnet de Saint-Étienne

Comment le dessin contemporain s’entretient-il avec d’autres médiums et médias producteurs de documents iconographiques : photographies, archives historiques, images scientifiques, médiatiques, numériques… ? Quelle est la nature des reprises de vue, travaillées par les moyens du dessin, et comment font-elles éprouver leur matérialité hybridée par la traduction d’images sources ?
Il s’agira d’étudier ces relations intermédiales ambiguës, leurs manifestations plastiques, les réflexions sémantiques, et la nature des tensions qu’elles suscitent. Quelles iconographies, images de notre Histoire et actualité médiatique sont-elles aujourd’hui reportées par les moyens du dessin ? A travers quels processus ? Quels filtres ? Que se joue-t-il dans ces opérations de transfert et de translation de l’image en passage pour un « devenir graphité[1] », que nous qualifierons de « passage au dessin » ? Entre simulation et dissemblance, proximité et distanciation, mises au point, redéfinition, indéfinition … dans quels écarts s’inscrivent ces reprises graphiques, ou re-présentations à l’égard d’images préalables auxquelles il s’agirait de donner la réplique par les moyens du dessin ?   « À l'heure des nouveaux médias, de la multiplication des sources d'information, de la surproduction et de la dématérialisation des images, pourquoi dessiner encore sur du papier et comment intégrer ces nouvelles technologies dans le geste classique et ancestral d'un simple trait de la main ? », s’interroge en ce sens l’artiste Emmanuel Régent.

[1] Jean-Christophe Bailly, « Éric Manigaud ou le visible élargi », in catalogue Éric Manigaud, La mélancolie des vaincus, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, Gand, éd. Snoeck, 2020.

10h45 - Conférence D’après « Désastre », à partir des dessins de Jérémy Liron, Laurence Gossart

L’ensemble de dessins Les Archives du désastre est débuté par Jérémy Liron après que nombre d’évènements très violents marquèrent nos quotidiens telles les exactions de Boko-haram, les attentats en France et au musée du Brado de Tunis mais aussi la destruction de la cité antique de Palmyre. C’est tout particulièrement après l’attentat de Charlie hebdo que l’auteur engagea ce travail. « Comment en sommes-nous arrivés là ? » s’interrogeait-il. L’ensemble d’abord présenté à la galerie Isabelle Gounod en 2016 continue de s’amplifier et compte aujourd’hui près de 400 dessins. D’après évènements mais aussi d’après archives, sources papier glanées dans divers catalogues, revues ethnologiques, scientifiques, ou artistiques ou bien encore d’après ses propres prises de vue, les dessins de Jérémy Liron sont doublement d’après et représentent toujours des éléments en volumes tels que sculptures ou architectures. Nous étudierons les transpositions que l’auteur réalise au travers de ces dessins. La rapidité que permet le dessin, pourtant habituellement périphérique à la pratique du peintre, est ici un atout important de la mise en œuvre de cet ensemble. Craie noire et badigeon aux verts qui ne sont pas sans évoquer une forme de putréfaction, d’oxydation ou de moisissure, badigeon qui efface aussi une partie de ces dessins. Mis sous passe-partout de format 30 x 40 cm dans lesquels des ouvertures toutes sur-mesure et distinctes sont percées – petites ou grandes, décentrées ou non, épousant parfois le motif - les dessins ramènent à une même échelle des œuvres, des lieux, des évènements bien différents. Ouvertures sur la mémoire et sur les traces, Les Archives du désastre agissent comme des fenêtres sur notre histoire contemporaine. 


Laurence Gossart
Auteure, artiste et docteure en Art et Sciences de l’art, Paris I Panthéon-Sorbonne, chercheure associée de l’Institut Acte.
Dernières publications et communications
Percevoir – transposer – tracer, colloque "La préhistoire à l'ère de l'anthropocène : discours et représentations", 19-20 mai 2022, université de Picardie Jules Vernes. Pour un éloge de la grâce, Capelli neri…un soffio de Giuseppe Penone, 10 mai 2022, JE « L’Art du fluide. Ethniques et esthétiques de la grâce contemporaine », université de Lille 3, publication à suivre in revue Demeter n°9.
Guiseppe Penone - Des racines et des mots : dessiner et écrire, une expérience de la sève, colloque « Giuseppe Penone, Une archéologie du devenir » 10 décembre 2021 donnée à l’occasion de l’exposition Giuseppe Penone, Sève et pensée, BnF.
Les racines : aux origines du sensible. De Van Gogh à Cristina Iglesias, colloque « Sensibilités végétales : par-delà art et culture », 13-15 octobre 2021, Université d’Artois, publication septembre 2022.

11h10 - Échanges avec le public,  Jérémy Liron et Laurence Gossart


Jérémy Liron
Né en 1980 à Marseille, JEREMY LIRON vit et travaille actuellement à Lyon. Peintre, diplômé des Beaux arts de Paris en 2005 et titulaire d’une agrégation en arts plastiques en 2007, il a réalisé plusieurs expositions collectives et personnelles, notamment à la galerie Isabelle Gounod, laquelle représente son travail à Paris depuis 2006.
Son travail est présent dans de nombreuses collections privées et publiques, notamment celle du musée Paul Dini à Villefranche sur Saône, de la fondation Salomon, de la fondation Colas, la Société Générale Paris, l’Hôtel des arts Toulon, la ville de Lyon et plusieurs artothèques.
Menant un travail littéraire parallèlement à ses recherches plastiques, il a également publié plusieurs articles, préfaces, catalogues et livres.
Expositions personnelles récentes :
In the shade, galerie Eric Linard (2021), Les parages, galerie Isabelle Gounod (2021), Quelque chose de pourpre, galerie Telmah (2021), Les heures, musée de Sens (2021), Ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé de regarder, Abbaye St Florent le Vieil (2020), Pente douce, Centre d’art l’H du Siège (2019), Les silences de la peinture, musée Paul Dini (2018), Tacet, galerie Isabelle Gounod (2018), Mélancolie des paysages, galerie Andersen & associés (2017), L’inquiétude, galerie Isabelle Gounod (2012), Le récit absent (avec Art Collector, 2012), Jeremy Liron, Centre d’art Hôtel des arts (2011).

Laurence Gossart
Auteure, artiste et docteure en Art et Sciences de l’art, Paris I Panthéon-Sorbonne, chercheure associée de l’Institut Acte.
Dernières publications et communications
Percevoir – transposer – tracer, colloque "La préhistoire à l'ère de l'anthropocène : discours et représentations", 19-20 mai 2022, université de Picardie Jules Vernes. Pour un éloge de la grâce, Capelli neri…un soffio de Giuseppe Penone, 10 mai 2022, JE « L’Art du fluide. Éthiques et esthétiques de la grâce contemporaine », université de Lille 3, publication à suivre in revue Demeter n°9.
Guiseppe Penone - Des racines et des mots : dessiner et écrire, une expérience de la sève, colloque « Giuseppe Penone, Une archéologie du devenir » 10 décembre 2021 donnée à l’occasion de l’exposition Giuseppe Penone, Sève et pensée, BnF.
Les racines : aux origines du sensible. De Van Gogh à Cristina Iglesias
, colloque « Sensibilités végétales : par-delà art et culture », 13-15 octobre 2021, Université d’Artois, publication septembre 2022.

11h25 - Conférence - Le dessin en mouvement chez Alexandre Hollan, Rodolphe Olcèse

Alexandre Hollan, par le dessin au fusain, découvre différents états de son motif et instaure avec lui un lien de familiarité : L’Oiseau des vignes, Le Déchêné, Le Grand chêne des trois chemins sont des formes graphiques douées d’une vie propre, que le dessin cherche à recevoir, comme une empreinte déposée sur une surface photosensible. Trois techniques développées par Alexandre Hollan mettent le dessin en résonance avec la photographie et le cinéma : 1/ le dessin à contrejour, qui permet de saisir l’arbre comme une forme emportée dans un foyer lumineux d’où il doit rejaillir ; 2/ le clignement des yeux devant le motif, qui cherche à accueillir le moment même de son apparition ; 3/ la juxtaposition de plusieurs versions du même motif sur une longue bande de papier, à la manière d’une mise en série de plusieurs empreintes d’un même sujet en mouvement. Ces trois gestes invitent à considérer le corps du peintre comme une camera obscura, capable d’inscrire du relief sur la surface plane du dessin.


Rodolphe Olcèse
Rodolphe Olcèse est Maître de conférences en esthétique et théorie du cinéma à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Membre du laboratoire ECLLA, il développe ses recherches dans différents axes (le remploi d’archives dans le cinéma expérimental, les pratiques amateurs, la fragilité en art) et développe également une réflexion plus générale sur la phénoménologie de l’expérience esthétique. Il co-organise par ailleurs un séminaire de recherche au Collège des Bernardins à Paris sur le thème « L’Art et les formes de la nature ».

12h00-12h30 - Conférence - Initiation à la pétanque cosmique, Martine Dancer et Maxime Duveau

La pétanque cosmique… cousine du fameux billard où cochonnets célestes et pluie de carreaux font rage.

Avec Maxime Duveau, découvrez la confrontation de processus et gestuelles déstabilisateurs. Au-delà des plongées filmiques ou littéraires, des photographies ont été le point de départ d’une transcription des fantasmes d’un imaginaire collectif à travers un périple fictionnel personnel. Cette recherche indicielle est volontairement alambiquée. Image au fusain, superposée, voilée, libérée au cutter, la partie apparait hachée, fracturée d’espaces obscurcis, parsemée d’éclats de lumière, démultipliée. L’accident est délibérément provoqué, exploité. La manipulation d’une sérigraphie source fait apparaître un univers maintes fois renouvelé. La manipulation de murs bétonnés ou vitrés complexifie d’emblée de jeu la lecture. Instiller le doute, mêler Los Angeles et Conflans Saint-Honorine contribue au brouillage voulu des perceptions.

Il ne reste plus qu’à tenter d’élucider les règles du jeu de la pétanque cosmique.


Martine Dancer
Conservateur en chef du patrimoine (honoraire), historienne de l’art, Vice-Présidente du Creux de L’Enfer, Centre d’Art contemporain d’intérêt national, à Thiers et de Documents d’artistes Auvergne Rhône -Alpes. Au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, entre autres, commissaire de plusieurs expositions, en France et à l’étranger. Notamment « La photographie à l’épreuve. La photographie du XIXe siècle à nos jours », “L’Attraction de l’espace” – au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. En 2017, conservateur en chef, elle dirige la programmation du 30e anniversaire du MAMC+ :  Considérer le monde 1 & 2, et initie une présentation en Chine à Pékin, Chengdu et Wuhan des collections du MAMC+ De Monet à Soulages : Chemins de la Modernité.E n contrepoint au MAMC+ sont aussi présentés, Jean Michel Othoniel, Damien Deroubaix et Valérie Jouve.  En 2019, elle coordonne le catalogue et le colloque dédié de l’exposition Le monde nouveau de Charlotte Perriand- à la Fondation Louis Vuitton.

Maxime Duveau
Maxime Duveau poursuit un voyage dans le temps et dans l’espace pour s’approprier un imaginaire personnel et collectif. Il est récipiendaire de nombreux prix et a bénéficié d’expositions personnelles dans des lieux prestigieux dont la Fondation Salomon et le MAMC+ sous le commissariat de Martine Dancer. Il a également participé à de nombreuses expositions collectives à l’Institut de France ou la Villa Cameline. Ses œuvres sont présentes dans des collections privées et publiques de renom."

14h - Conférence - Christiane Baumgartner, résurgences contemporaines de la gravure de traduction, Laurence Tuot

L'artiste allemande Christiane Baumgartner réalise de grandes xylographies à partir d'images qu'elle prélève dans ses vidéos personnelles. Ces "images sources", issues de films de voyage ou de refilmages de son écran de télévision, ont pour thèmes privilégiés la vitesse et le mouvement (avions, voitures, éoliennes,...). Elles incarnent la frénésie technologique de nos sociétés contemporaines que Baumgartner semble ralentir et figer dans ses grands bois monumentaux. Par cette démarche de retranscription des images d'un médium à un autre, l'artiste semble renouer avec le vieux métier de graveur de reproduction, disparu depuis l'avènement des procédés photographiques. Mais si l'interprétation gravée des œuvres peintes ou dessinées étaient, avant le XXème siècle, une nécessité pour les faire connaître, quel sens peut-il y avoir aujourd'hui à reproduire, dans un médium aussi archaïque que la gravure sur bois, des images de haute technologie portant en elles-mêmes leur propre moyen de diffusion? Cette communication tentera de comprendre les enjeux de l'anachronisme d'un tel geste.


Laurence Tuot
Laurence Tuot est plasticienne et maîtresse de conférences en arts plastiques à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne (laboratoire ECCLA). Elle est responsable, avec Anne Béchard-Léauté, du Master 2 édition d’art/livre d’artiste de l'UJM.  Ses recherches actuelles, pratiques comme théoriques, portent sur le livre d’artiste, la gravure polychrome, et de façon plus générale sur l’image imprimée.

14h40 - Conférence - Performance- Tirer le fil de Ghardaïa, Eric Valette

Le collectif Suspended spaces engage un nouveau projet en Algérie, en se tournant vers Ghardaïa, une ville riche en projections multiples, qui inspira plusieurs architectes modernes dont Le Corbusier. Pour de multiples raisons, cette destination est aujourd’hui un peu hors de portée, difficile d’accès, alors nous avons tous commencé à chercher Ghardaïa là où nous étions. Fruit du hasard de cette quête, une archive privée m’a été donnée par une amie : un ensemble de lettres reçues par sa mère pendant 10 ans, d’une jeune femme rencontrée à Ghardaïa avec qui s’était nouée une relation d’amitié. Cet échange épistolaire ne me concerne pas, je n’ai aucune légitimité à lire et encore moins à montrer ces lettres. Mais elles m’ont été confiées. Elles sont pour moi une porte d’entrée précieuse dans le quotidien d’une femme mozabite, aujourd’hui décédée, un éclairage fragile d’une réalité qui m’est totalement étrangère et qu’il me serait impossible d’entrevoir autrement. Un fil que je vais commencer à tirer, prudemment, doucement, pour essayer de m’approcher de Ghardaïa. Le dessin va m’aider à mettre à distance les images et les documents rassemblés au fil de l’enquête, et surtout ces mots qui m’ont été donnés à lire.


Eric Valette
Éric Valette est artiste et Professeur des Universités à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens (France). Il est un des membres fondateurs du collectif d’artistes et de chercheurs Suspended spaces (depuis 2007). Il collabore également avec le chorégraphe Mauro Paccagnella et la compagnie Wooshing Machine (Bruxelles), pour des performances, installations et spectacles. Il participe depuis 2020 au programme mensuel de conférences Planétarium du Centre Pompidou, sous la forme de performances graphiques.

15h20 - Conférence - Cristalliser l’écran et ses flux. Une réponse aux mouvements algorithmiques des images, Maud Maffei

Comment voit-on sur un écran à cristaux liquides ? Quelles manières de percevoir impliquent les écrans ? Comment y appréhende-t-on les images ?
Ces questions traversent deux de mes séries de dessins: Liquid Crystal Life (2018), un ensemble de dessins de trompe-l’œil d’écrans d’ordinateurs réalisés à la pierre noire, ainsi que Speculative Reality (2018).
Par la frontalité du trompe-l’œil, Liquid Crystal Life interroge en premier lieu les structures de la perception sur un écran, ce qu’implique percevoir des images saisies en flux, les rapports de distance et d’intimité que nous entretenons avec des images hétérogènes vues sur un même plan.
Par des choix plastiques illusionnistes, il s’agit avec ces travaux de traduire des processus à l’œuvre dans l’apparition d’images orchestrées par des algorithmes: le hasard de leurs occurrences, de leurs croisements, leurs rotations, les reconfigurations perceptuelles que leurs mouvements peuvent impliquer.
A la fugacité des images scintillantes de l’écran à cristaux liquides, Liquid Crystal Life et Speculative Reality opposent la matière absorbante de la pierre noire. Les lumières tournantes des dessins viennent faire flotter les objets dans un intemporel énigmatique. A partir de ces séries de travaux, je proposerai de discuter des enjeux du dessin quant à la traduction des expériences perceptuelles des écrans. Seront mises perspective des œuvres de l’histoire de l’art qui interrogent les dispositifs de monstration d’images, notamment les images des media.


Maud Maffei
Maud Maffei est artiste et maître de conférences en pratiques et théories des arts à l’Ecole des Arts de La Sorbonne. Son travail a reçu la mention du prix de dessin Pierre David-Weill 2018 à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France. Ses recherches interrogent les mécanismes perceptuels ainsi que les outils avec lesquels nous percevons et se développent à travers la confrontation de techniques anciennes et nouvelles, notamment du dessin sur papier et du dessin numérique.

15h45- Échanges



La sécurité des intervenants et des publics reste la priorité. Les différentes journées sont adaptées afin d’être compatibles avec les gestes barrières : nombre de personnes par journée limité, tenue des journées en visioconférence , etc.


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