Projet de recherche

Design & décroissance

Pour habiter les rivières

Floris Hovers, Flessenboot

par Coline VernayPar Olivier Peyricot, designer, directeur du pôle recherche de la Cité du design

Publié dans : le catalogue de l'exposition Halte à la croissance ! du Centre d'innovation et de design au Grand-Hornu, juillet 2018.


Le design, c'est ce spray hors de contrôle qui a enduit le beau, l'infini rayon des conspirations domestiques de petits objets et d'aussi petites philosophies de l'instant à consommer sans modération, tant qu'on a l'envie de vivre ou le pouvoir d'achat1 en peine de trouver la cause de cette pellicule encombrante. Le design, c'est cette lecture et cette traduction matérialiste du monde au même titre que la production ou la consommation. Seulement lui, il contient la notion de projet - qui est d'abord une idée en débat - ce qui lui donne une liberté toute naturelle à s'emparer en amont des questions liées à la banane du monde matérialiste dont il constitue les deux bouts. Le designer confronte ce matériel à tous les instants de la vie et à tous les espaces de la société, sans assembler cette multitude de philosophies d'une multitude d'objets en une rareté théorique. Et pour ajouter à la confusion, au nom du projet, le designer s'adonne à des hypothèses de trajectoires aussi individualisées que possible, mais au fond, si communes que son énergie se dilapide vers un seul objectif : améliorer leur confort qui n'est jamais que le sien. Or, nous semble-t-il, appréhender le mouvement du monde, ou en capturer des instants, ou encore se projeter en entier dans un espace-projet, sont autant de territoires à imaginer, sans tenter de trouver la résolution fictive de l'énigme fictive du monde. Les objets s'assemblent toujours par volonté humaine et leur part éthérée nous est toujours révélée par hasard, mais c'est alors l'empire de la pensée qui s'étend dès lors qu'un assemblage matériel chuchote son possible au-delà. En retournant cette matière-projet dans tous les sens, en lui cherchant une organisation, une provenance, un devenir, il nous est arrivé d'entrapercevoir ce vaste champ des possibles. Design révolution - 7 000 ans2 . 

 Cette destinée est mystérieuse pour nous, car nous ne comprenons pas pourquoi les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domestiqués, les lieux secrets de la forêt lourds de l'odeur de tant d'hommes, et la vue des belles collines souillée par des fils de fer qui parlent. Où sont les fourrés profonds ? Disparus. Où est l'aigle ? Disparu. C'est la fin de la vie et le commencement de la survivance. 

Déclaration du chef indien Seattle au président des États-Unis (1894). 

En cercle compact, les membres de la tribu Washo évaluent le risque de la grande chasse du lendemain3. Prélever des lapins dans les vastes prairies est le sujet des assemblées les plus sages du monde, car on sait que ce monde peut être détruit si d'une embardée, plus de flèches qu'il n'en faut transperçaient plus de fourrures qu'il n'en peut porter. Lorsque le capitaine John Smith foula le sol américain à Chesapeake en 1603, la modernité rencontra le néolithique subitement, les assemblages techniciens de la dépense permanente rencontrèrent les tourbillons magiques de l'équilibre précaire des tribus. Les certitudes européennes les baptisèrent dans le sang, aveugles de ces subtils équilibres : la matière première disponible dans le sol infiniment épais de ce continent américain semblait alors dégorger sans limite ses richesses4. Soudain, le design pris dans la toile sociale. Décroître5 est un processus de survie dans une phase d'explosion consommatrice de ressources, mais la notion radicale qui prévaut à la décroissance est celle de la recherche des équilibres6 . Il est un homme qui épuisa le design avant tous les autres, tout à la recherche des équilibres, tout à la déconstruction de la machinerie des désirs. William Morris (1834- 1896), précurseur d'un art décoratif soumis aux processus industriels, interrogea sans relâche les faits : on voyait les enfants, pieds liés sur des pédales de bois, piloter les métiers à tisser de la révolution industrielle, on entendait les familles entières se consacrer au travail de la grande industrie quinze heures d'affilée, un costume noir élimé pour les dimanches et les deuils, on fabriquait en fer blanc et pacotille des ersatz d'objet en quantité, spéculant la nouvelle théologie de l'infini des besoins. Théoricien majeur des « Arts & Crafts » naissants, écrivain, travailleur acharné et prolifique, notre William explora alors dans ses livres7 et dans ses conférences des dizaines de questions relatives à la production qui jusque-là n'étonnaient aucun dessinateur, aucun commanditaire : le statut de l'ouvrier, la consommation de masse des biens, la beauté de l'objet reliée au geste, la copie approximative, le bas de gamme, le motif, la valeur de la tâche, etc. L'homme complet, artisan-créateur-technicien-théoricien, maitre de sa destinée technique s'organise un ensemble touffu d'activités : William met en place de multiples affaires dont une entreprise de papiers peints. Il cherche œuvre dans la racine d'ouvrier, suit le regard et le geste de la production. De l'atelier de ce primo-designer sortent des objets manufacturés et une controverse politique et sociale qu'il ne va cesser d'animer8. De design en système, il faut voir William Morris, bien avant les écologistes et les artistes du XXe siècle, en expédition dans son siècle, penché sur les besoins, stigmatisant les ersatz, ces objets de mauvaise qualité, conçus pour combler les moindres désirs. Il dénonce aux prémices d'une consommation de masse, l'impact de la quantité sur la qualité de la production. À la suite du discours « Comment pourrions-nous vivre » 9 de Morris en 1884, Serge Latouche décrit son influence sur la pensée décroissante d'aujourd'hui : 

L'art de vivre avec art n'exclut pas, pour les objecteurs de croissance, l'aspiration à la justice sociale du projet communiste (…). La décroissance aspire à réaliser cet écosocialisme qui se cherche à travers toute l'œuvre de William Morris. 

Serge Latouche

Car déjà, le comportement dérégulé du désir des individus pointait le besoin de jouir de l'ensemble du catalogue de produits disponibles, déclinés en gammes ou copies bon marché. Cette tension entre désir de consommer et injonction à produire nourrissait la phase mature de l'ère industrielle. La machine fut alors lancée : le couple consommation-production fonctionnait à l'unisson. La mode, l'innovation technologique et la communication-publicité stimulant et accentuant les désirs. Morris pointe cependant d'autres stratégies possibles d'organisations sociales pour ne pas se soumettre absolument à ce rythme infernal de satisfaction des désirs les plus frivoles : la recherche d'un projet de vie réflexif et profond, dont la dimension existentielle prévaut, et qu'il plébiscite dans ses News From Nowhere10

 Une stratégie de prospérité pour une société est vue comme une adaptation à son environnement et ses conditions matérielles, un processus qui peut impliquer ou non la maximisation de l'utilisation de ses ressources. Le sens substantif du terme « économie » est vu dans le sens plus large d'« économiser » ou d'« approvisionner ». L'économie est simplement la façon par laquelle une société satisfait ses besoins matériels et immatériels (statut social, rites, croyances, etc.).  

Karl Polanyi 

La recherche de formes « décroissantes »

L'objet hors norme de la révolution industrielle englobe tous les européens et leurs colonies et, en flux tendu, se gave de bras, de corps, d'intelligences techniques et théoriques et plus encore, de toutes les matières premières terrestres. Le capitalisme génère du chaos et de la théorie du chaos. On imagine les économistes des XIXe et XXe siècles luttant avec des schémas et des proses techniciennes contre les mouvements cycloniques qui les emportent. Approches systémiques, approches dynamiques, mouvements cycliques, formes organiques, formes décroissantes, bio-économies : tout le monde cherche à produire des formes pour comprendre l'hyperobjet11 de l'économie moderne. Les métaphores sont épuisées à coup de thèses pour comprendre les strates et les pièges qui enserrent le quotidien et les êtres. « Why Is Economics Not An Evolutionary Science ? ». Thorstein Veblen en 1898 décrit, selon la psychologie et l'anthropologie du moment, des individus comme n'étant pas.

[Les individus ne sont pas] seulement un faisceau de désirs qui doivent être saturé (...), mais plutôt une structure cohérente de propensions et d'habitudes cherchant à se réaliser et à s'exprimer dans le développement d'une activité (…). La vie économique de l'individu est un processus cumulatif d'adaptation de moyens à des fins qui se transforment de façon cumulative à mesure que ce processus se déroule.

 Thorstein Veblen

Flux des désirs, individus qui produisent de l'organique, de la fébrilité là où l'appareil de production rationne le monde en grilles et en trames. L'historien de l'économie René Passet en citant ce passage de Veblen veut capturer la genèse de ce mouvement12: le tourbillon créateur est la dynamique dans laquelle se trouve prise la vie économique des individus. Lacan ne dit pas moins lorsqu'il nous signale que la valeur d'échange se fait à l'intérieur (l'entrepôt13) tandis que la valeur d'usage se fait à l'extérieur, dans les espaces communs et perturbés de nos périphéries. La valeur d'usage est totalement prise dans l'agitation. Question fondamentale à propos des formes du monde moderne : comment économie et design cherchent-ils à représenter ce monde ? La grammaire de formes que nous voyons chaque jour est si agitée, est si en retrait de notre vie organique, qu'il faudrait mieux percevoir, en laboratoire de conception, le mouvement comme LA forme générique, qui illustrerait toujours croissance et décroissance. Ces deux opposés sont bien le cœur de la révolution capitaliste et sont aussi mouvements organiques et naturels. Pensez à Detroit, bâtie sur le mouvement de l'automobile dont le design fait de chromes, de vitesses et d'infrastructures ne devait jamais interrompre le mouvement centrifuge de l'étalement urbain. Pensez la richesse qui se déroulait en villas standardisées sur le gazon vert de l'Amérique, à l'infini. Aujourd'hui Detroit ville de la décroissance subie, shrinking city14, se laisse envahir par les petites économies bien réelles des survivants : agricultures urbaines sur friches et dans les niches, invention de nouvelles chansons (chaque jour on cherche une nouvelle chanson pour, littéralement, traverser la journée, non ?), fabrication de nouvelles musiques bricolées à rebours de l'électro, préservation des patrimoines et de la mystique afro-américaine, tests de véhicules autonomes pour réduire l'infrastructure, etc. Le design de la décroissance ressemble à ça : construire des scénarios de vie bricolés à quelques-uns, les tester à petite échelle en partage, en discuter à plusieurs en diffusant l'information au plus loin possible, recommencer, recommencer, penser à occuper la vacuité de nos existences, penser à laisser la place aux enfants à venir, se fondre dans le paysage en mouvement. 

 Les promesses de croissance et de confort, moteurs du projet moderne, s'éloignent et nous laissent dans une grande période d’instabilité qui remet en jeu le modèle de société dans lequel nous bâtissons nos vies. 15 

Olivier Peyricot in Working Promesse

Apprentissage en cours : l'action politique du design

Le design est une activité des sciences humaines en cours de construction : il participe à articuler expérience et discours sur le monde d'aujourd'hui et futur. L'effarement face à la violence de la modernité, face à son incarnation idéologique en néo-libéralismes et oligarchie prédatrices, rend le design beaucoup plus militant qu'on ne le croit lorsqu'il agence projet politique et social à la production de formes. C'est à cette condition qu'il prend son ampleur en tant qu'outil idéologique, toujours ambigu (Bernard Stiegler parle de pharmakon16 ), façonné pour agir sur les besoins et la façon dont ceux-ci orientent tout une partie de la production matérielle du monde. Cette surabondance d'objets et services, surabondance névrotique, incontrôlable au fur et à mesure de son apparition, dégénérée et destructrice de tous nos équilibres naturels, produit le plus grand déséquilibre dans nos espaces vitaux. Porter le projet de société est une étrange responsabilité pour le designer. Cette délégation que lui fait la société (dont il serait présomptueux de dire qu'elle est une délégation complète du projet, mais plutôt, pour détourner les mots de William Morris, d'un simple « ersatz ») est probablement issue de la crise de l'abondance, de la surcharge pondérale d'objets : mettre de l'ordre, classifier, inventorier, « méthodologiser », telles furent les premières missions du design dont le projet moderne souhaitait qu'il résolve la question de la production massifiée. Nous comprenons aujourd'hui, après le gaz Zyklon17, Tchernobyl, ou la ville à cent à l'heure, que la mise en ordre du monde matériel ne suffit plus, mais que le design, en agissant sur la forme et le signifiant, pourrait s'appliquer à un objet plus étalé et plus complexe qui serait la forme, l'usage et les pratiques radicales des sociétés. C'est d'ailleurs pour cela que la figure du designer s'insinue jusque dans des pratiques amateurs, des engagements civils, des territoires, des tiers lieux, des projets sociotechniques, des politiques publiques. Cette mutation du métier offre une prise de conscience radicale et des pistes pour aborder la fin de période moderne. 

 Tout projet post-capitaliste requerra nécessairement la création de nouvelles cartes cognitives, de nouveaux récits politiques, de nouvelles interfaces technologiques, de nouveaux modèles économiques et de nouveaux mécanismes de contrôle collectif, afin d'enrôler les phénomènes complexes pour l'amélioration de l'humanité. 18

N. Srnicek & A. Williams, Accélérer le futur, éditions Cité du design éditions, Saint-Étienne, 2016.

Design en mutation 

De nouvelles figures apparaissent et offrent des choix multiples : designers majordomes au service d'un quotidien délirant, designers assistants d'une séance d'exorcisme collectif, designers survivalistes au cœur de la machine cacochyme, designers activistes de quartiers revitalisés… Se réapproprier le quotidien, au nom du collectif, a constitué l'essence des actions d'émancipation menées dans les années 1960 contre la société disciplinaire19 . La révolution réactionnaire des années 1980 avec Reagan et Thatcher, permettant le déploiement néolibéral à l'échelle planétaire, instaure ce que Deleuze décrit comme une « société de contrôle », c'est-à-dire une présence diffuse et individualisée de l'idéologie néolibérale, dont l'ordinateur généralisé et l'internet, sont les outils20. Cette mise sous tension du quotidien installe un contexte tout à fait perturbant pour la prise en charge du cadre de vie par les designers. Certains se déclarent définitivement méchants comme Sottsass21, d'autres jouent les thuriféraires du système des objets, lorsque les plus audacieux rejoignent un maquis de l'autoproduction et de la confrontation au social. Pour ces derniers, faire société c'est un processus de recherche, penser la société c'est forcément être participant et dans le feu de l'action : les tiers lieux (fab-lab, espaces de coworking, etc.) sont des promesses auxquelles travaillent des individus, aventuriers d'une nouvelle forme de partage. Ils sont les enfants de Linux, du logiciel libre, de l'open source, mais aussi des ateliers des écoles de design, des libertariens22, des « start-uper » et encore des punks à chiens, des anarchistes. Ils sont l'hybridation des marges technologiques et des marges sociales, là où s'inventent sans cesse des organisations du collectif et par extension les nouvelles organisations du travail. Organiser la société : observer, apprendre, partager les questionnements, débattre longuement et faire, chacun avec ses envies, ou ses besoins, ou ses savoir-faire, comme dans les sociétés primitives. Chercher la voie, ensemble. Faire commun, commune, communauté, faire espace public ; outils partagés, savoirs égrainés, diffusés world wide, mais aussi réguler, au premier rang, les passions, pour faciliter les échanges, les collaborations, les communs. Le design se confronte à cette situation sociale : les individus ont un nouveau projet qui veut résoudre cette folie de l'accumulation et pour cela passent par les collectifs et la construction de Communs. Une mise en forme de la décroissance à laquelle participer. Le design à la plasticité évidente pourrait investir ce qui constitue l'essence des communs en projetant des prototypes, des maquettes, des agencements, des scénarios : 
- Un design de la régulation : l'institution que constitue le Commun, soulignée par l'approche d'Elinor Ostrom, théoricienne des actions collectives, a bien pour but de réguler « les passions », « les désirs », « l'égoïsme » ou les « penchants » des individus qui la composent23;
- Un design des lieux alternatifs qui font société : émergeant des communs, ils sont les produits des économies sociales et solidaires (ESS), et fondent leur édification sur un terreau de recherche et expérimentation ;
- Un design des gouvernances.

 Un bien commun est un modèle de gouvernance qui facilite la coopération entre des personnes qui bénéficient d'un avantage en travaillant ensemble, par la création d'une économie d'échelle (modeste).24 

Tine de Moor

Déplacer son regard sur son environnement direct et à y déceler les agencements entre humain.e.s et non-humain.e.s, entre survie économique et liberté subjective, entre rationalisation et émotion. L'organique a envahi les productions enfin, et les subjectivités à nouveau. « Ce n'est pas la biologie qui nous inspire mais, à travers elle, les modes de fonctionnement des systèmes complexes. » René Passet de rappeler aussi que l'objectif n'est pas de « projeter le vivant » comme modèle organisationnel du social, mais de permettre à tout système « d'évoluer en maintenant sa cohérence dans un environnement mouvant. » Marcher sur la corde en tension, en quelque sorte. Extraire le métal en fiction.

 Nous avons imaginé posséder une rivière. Nous l'avons imaginée dans sa puissance, nous l'avons taillée, sculptée, coupée en tranches, tandis que l'eau glissait entre nos doigts. Nous étions trempés et nous y trouvions des strates et des strates de projets de vie : la rivière ressource à boire et à produire de l'énergie, la rivière transport de données, la rivière pour le corps en détente, la rivière d'élevage, la rivière à différentes densités pour les sensations et les couleurs, le limon pour l'alimentation, le fond pour les besoins de contours, le contact de l'eau à l'air pour les ambiances floues, l'échange d'ions dans l'agitation, les tourbillons pour la contemplation… La tranquillité d'esprit garantie pour l'éternité.25  

A. Chaniolleau & O. Peyricot, F=F,

Comment alors mettre en œuvre ce rapport à l'organique ? Habiter des rivières, accepter les grandes architectures célestes comme des toits dépourvus de constance, éprouver les faunes par des attentions grandioses ; faire de l'espace intellectuel, occupé des stratégies critiques, celui épris des controverses ; palabrer, habiter par l'esprit, etc. La production du cadre de vie n'est pas un vain mot : bâtir des rives infinies à un fleuve est une activité pleine pour un être vivant. Déterminer ce qui parle dans les forêts, entendre ce que disent les animaux et les arbres, s'insérer dans des mondes toujours plus grands que soi, en débattre, devenir minuscule comme un art existentiel de la réduction, ne pas bouger, longtemps, attendre, respirer, aimer. Le design est une de ces pratiques qui permettent d'entrevoir cette façon d'occuper le monde et propose un mode d'emploi à expérimenter immédiatement.

1Extrait de l'introduction au fanzine F=F, Anne Chaniolleau & Olivier Peyricot, Galerie Mercier & Associés, Paris, 2013.
2En référence à Jean-Paul Demoule, Les origines de la culture, La révolution néolithique, Éditions du Pommier et Cité des Sciences et de l'industrie, Paris, 2008.
3Dans le roman naturaliste Rabbit Boss, Thomas Sanchez insiste sur le débat qui s'engage au sein d'une tribu Washo pour décider d'une grande chasse au lapin annuelle, dont la question du prélèvement raisonné est cruciale pour préserver les équilibres alors qu'on semble être au cœur d'une nature abondante en ressources. Thomas Sanchez, Rabbit Boss, Les éditions du Seuil, Paris, 1990.
4« Pour conclure et parler seulement de ce qui a été fait dans ce voyage, je peux assurer Leurs Altesses que je leur donnerai autant d'or qu'il leur sera nécessaire, ainsi que des épices, du coton et de la gomme autant qu'elles me demanderont de charger, également des esclaves que l'on pourra prendre parmi les idolâtres. » Christophe Colomb, lettre écrite depuis les Açores à la mi-février 1493 et destinée aux rois catholiques d'Espagne.
5« La décroissance est un concept-plateforme riche de plusieurs sens, travaillé par cinq sources de pensée : écologiste, bio-économiste, anthropologique, démocratique et spirituelle. Apparu dans les années 1970, le mot s'impose à partir de 2002 à la faveur d'une convergence entre la critique du développement et le mouvement antipub, en France d'abord, puis sur l'ensemble du continent européen en commençant par l'aire latine. Radicalisant la critique écologique, il articule et surdétermine de multiples alternatives émergeant dans les marges de la société civile. » Timothée Duverger, L'économie sociale et solidaire, Documents Le Bord de l'Eau, 2016.
6André Gorz (1923-2007) interroge le rapport entre la croissance et le capitalisme : « L'équilibre global, dont la non-croissance - voire la décroissance - de la production matérielle est une condition, cet équilibre global est-il compatible avec la survie du système (capitaliste) ? »
7William Morris, L'Âge de l'ersatz et autres textes contre la civilisation moderne, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1996.
8« Pour Morris, le système fondé sur le commerce et le profit qui s'est imposé à la fin du XIXe siècle avait dévasté les arts décoratifs ou "mineurs", en portant atteinte tant à leur qualité qu'à leur statut dans la société. Ce malheur peut paraître très anodin dans la litanie des horreurs de la société victorienne. Pourtant, c'est sur ce sentiment profond des causes de cette dégradation et de ses effets sur la possibilité de la camaraderie, de la créativité et du bonheur humain que Morris fondera toute son analyse politique. » Kristin Ross, L'Imaginaire de la Commune, La Fabrique, Paris, 2015.
9William Morris, Comment nous pourrions vivre, éditions Le Passager clandestin, Lorient, 2010, présentation par Serge Latouche.
10William Morris, News From Nowhere - William Morris, Éditions Ellipses, Paris, 2004.
11Timothy Morton, Hyperobject, University of Minesota press, 2015.
12René Passet, Les Grandes Représentations du monde et de l'économie à travers l'histoire : De l'univers magique au tourbillon créateur, Actes sud, Arles, 2012.
13« Il faudrait peut-être commencer à se détacher de la vertu fascinante qui tient à ce que nous ne pouvons concevoir la représentation d'un être vivant qu'à l'intérieur de son corps. Sortons un instant de cette fascination pour nous poser la question de savoir ce qui arrive dans le dedans et le dehors quand il s'agit, par exemple, d'une marchandise. On nous a assez communément éclairés la nature de la marchandise pour que nous sachions qu'elle se distingue entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'échange, vous dites-vous, c'est quand même bien ce qui fonctionne au-dehors. Mais cette marchandise, mettons-là dans un entrepôt. C'est forcé aussi que ça existe. Un entrepôt, c'est un en-dedans, c'est là qu'on garde la marchandise, qu'on la conserve. Les fûts d'huile quand ils sont dehors, ils s'échangent, et puis on les consomme - valeur d'usage. Il est assez curieux que c'est quand ils sont au-dedans qu'ils sont réduits à leur valeur d'échange. Dans un entrepôt, par définition, on n'est pas là pour les mettre en pièces, ni pour les consommer, mais pour les garder. La valeur d'usage est précisément interdite à l'intérieur, là où on l'attendrait, et il n'y subsiste que la valeur d'échange. » Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XVI, « d'un Autre à l'autre» , 1969.
14« Shrinking cities » : concept utilisé pour décrire les villes qui diminuent (démographie, richesse, espaces…).
15O. Peyricot (sous la direction de), Working promesse, les mutations du travail, catalogue de la Xe Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2017, Éditions de la Cité du design, 2017.
16En Grèce ancienne, le terme de pharmakon désigne à la fois le remède, le poison, et le bouc-émissaire. http://arsindustrialis.org/pharmakon.
17Voir le design du gaz Zyklon dans Le Palais de Cristal, Peter Sloterdijk, Libella-Maren Sell essais, 2006.
18N. Srnicek & A. Williams, Accélérer le futur, éditions Cité du design, Saint-Étienne, 2016.
19Henri Lefebvre, La vie quotidienne dans le monde moderne, Gallimard, collection «Idées», Paris, 1968
20Jonathan Crary, 24/7 Le capitalisme à l'assaut du sommeil, La Découverte Poche, Paris, 2016, p. 83.
21« Je suis méchant » texte d'Ettore Sottsass, in Ettore Sottsass Jr '60/'70, Milco Carboni, HYX, Orléans, 2006.
22Voir : Fred Turner, Aux sources de l'utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand un homme d'influence, C&F Éditions, Caen, 2012.
23Extrait de « Le Comité invisible et les Communs : pourrons-nous encore être "amis" ? » blog scinfolex.com de Lionel Maurel, juriste & bibliothécaire, à propos de Maintenant, ouvrage du Comité invisible, 2017.
24Citation de Tine de Moor, historienne et économiste, spécialiste des communs et des économies collectives, lire l'article «Le moment est venu. Les bien communs du passé au présent »
25« On a un espace : la rivière, un objet hors norme qu'on investit comme projet. Elle est en mouvement, nous aussi. Elle est multicouche, on en habite certaines, on en laisse filer d'autres (il y a des générations d'explorateurs à venir). Elle est science, on compare, on estime, on agit sans faire de vagues ; elle est vivante en elle et au bord d'elle-même, on en partage le tout, avec les éléphants, les buveurs d'eau, les rameurs. L'eau avec lunette filtrante disparaît en poudre d'eau. On a une position : on peut appréhender le mouvement du monde, ou en capturer des instants, ou encore se projeter en entier dans un espace-projet. Mais peut-on imaginer ces nouveaux territoires sans tenter de trouver la résolution fictive à l'énigme fictive du monde ? Abandonnons. Savez-vous que l'homme ne change pas, qu'il ne désire pas moins que ce qu'il a ? Sur-dimensionnez l'imaginaire de votre cadre de vie, travaillez une vague, un courant d'air, une relation, un mot, changez d'échelle, décidez que vous êtes petits, qu'il va vous arriver des bricoles, que l'autre entrera en vous, que vous êtes flexibles, que vous plierez. Au lieu de fabriquer des déficits, puis d'utiliser l'humain comme variable d'ajustement : accédons aux temporalités non assujetties, soyons d'une fiabilité toute relative. » Extraits, Anne Chaniolleau & Olivier Peyricot, F=F, Galerie Mercier & Associés, Paris, 2013.
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