La démarche créative du duo de designers dach& zephir s’inscrit dans la pensée du Tout-Monde du poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant. Pour eux, notre monde actuel doit se raconter et se partager suivant des principes d’interprétation des cultures, dans une dynamique d’échange équitable. L’exposition donne à voir les réflexions et questionnements qui les animent depuis leur recherche Élòj kréyòl, initiée en 2015 autour des histoires des Antilles, dont ils cherchent à proposer une lecture poétique, contemporaine et de transmission.
Acceptant volontiers la part de l’Autre au sein du processus de création, les projets menés par le duo donnent forme aux paroles et histoires des communautés créoles, aux voix peu entendues et reconnues. Ils célèbrent ainsi l’urgente et nécessaire diversité du Monde. Ici, le design français à l’ère de la créolisation suggère la création d’une narration riche et partagée des savoirs et des héritages. Un design en relation et de relations, embrassant la pluralité des histoires culturelles et créatives d’une France qui ne se limite pas à l’Hexagone.
C’est à l’intersection de nos différences et de nos regards que nous avons fondé le studio dach&zephir. Mais il y a surtout une volonté commune qui est celle de construire notre propre définition du métier. Nous avons une affection particulière pour l’artisanat et les pratiques créatives qui ne jouissent pas de cette reconnaissance. Les projets que nous menons, abordent des sujets pour lesquels il nous semble important de témoigner. Ils rendent compte d’une pratique et d’une approche qui ne se pensent qu’à la condition de la présence des autres.
Florian Dach et Dimitri Zephir se sont rencontrés à l’École
nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 2012, alors
qu’ils étaient encore étudiants. Formés en design d’objet, ils se
sont très rapidement liés autour d’un projet commun : La figure
de l’Autre. Ce projet de recherche et de création questionne
l’influence des cultures immigrées dans la création de l’identité
française. Il a constitué le projet de diplôme de dach&zephir,
obtenu en 2016 avec les félicitations du jury.
Tous deux travaillent avec des artisans, manufactures et industriels
sur la création d’une collection d’objets célébrant un art de vie
métissé. Le duo qu’ils constituent est pensé comme espace de
création libre. Ils y croisent leurs vécus — qui ont leurs racines à
Paris et en Guadeloupe — à la recherche de ce qui fait histoire et
identité. Les héritages culturels y sont abordés comme une matière
première de conception riche, capable de générer un langage de
formes, de matières et d’usages à l’origine d’artefacts. Explorant
sans cesse de nouveaux territoires, ils se définissent comme
« chercheurs-auteurs ».
2016 : Diplômés de l’École nationale des arts décoratifs de Paris (section design objet) avec les félicitations du jury pour La figure de l’Autre
2017 : Lauréats du programme national de soutien à l’émergence artistique « Création en cours » porté par les Ateliers Médicis, avec le soutien du ministère de la Culture et en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, avec le projet Élòj kréyòl x NATK (Nasyon
A Ti Kréyòl) réalisé en collaboration avec l’école primaire Michèle Gisquet à Vauclin en Martinique
2020 : Attribution du label FME par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage pour l’étendue du projet de recherche Élòj kréyòl – « Prix spécial » du 35ᵉ Festival international de mode, de photographie et d’accessoires - Hyères (cat. accessoires de mode) pour la collection Bijoux de tête réalisée en collaboration avec le designer textile Antonin Mongin
2021 : Exposition de la série Caribbean beauties lors du 65ᵉ Salon de Montrouge (commissariat : Work Method) – Lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Mondes nouveaux » lancé par le ministère de la Culture avec le projet Voix plurielles, voies créoles
2023 : Lauréats de l’appel à candidatures « Créer un vase » pour une commande publique du Centre nation plastiques (Cnap) avec la collection Vases Péyi
La scénographie de l'exposition sert ici la narration. Elle reprend l’imaginaire des maisons créoles à travers des éléments comme la tôle ondulée, la couleur des façades, la terrasse ou encore le jardin. Elle alterne ainsi des points de vue intérieurs et extérieurs, où les objets mis en relation donnent à voir des manières d’être et de vivre inspirées des Antilles. L’immersion enveloppe et transporte le visiteur pour lui faire vivre une expérience sensible, lui faire entendre des voix oubliées ou effacées. Ce sont les histoires qui donnent naissance aux objets.
Le corpus de projets, soigneusement choisis, donne corps au récit. Des pièces de mobilier, des ouvrages, des images-collages coexistent, se complètent, se révèlent mutuellement comme une source de réflexion pour le public et racontent une pratique faite de dialogues multiples.
Derrière la beauté de cet ensemble cohérent, les projets de dach&zephir sont autant de tentatives de dynamiser des filières de production laissées à l’abandon ou parfois écrasées par la concurrence attractive de la mondialisation ; de développer un modèle économique et de production vertueux à travers l'emploi mesuré de fibres naturelles dans la conception des objets ; d'intégrer des notions de résilience, de résistance et d'audace créative dans la conception ; ou encore de réfléchir à ce que l'on transmet aux générations futures, au-delà des objets.
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