12.0513.05.2023
Colloque

L’édition photographique contemporaine

Co-organisé par le laboratoire ECLLA (Université de Saint-Étienne), l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, Passages XX-XXI (Université de Lyon 2) et la Bibliothèque municipale de Lyon Sous l’égide de la revue Focales

par Magali TheoleyreVen 12.05.2023 à l’École supérieure d'art et design de Saint-Étienne
Sam 13.05.2023 à la Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu

© Danièle Méaux

Comme l’ont montré Martin Parr et Gerry Badger dans Le Livre de photographies : une histoire (2005), dès l’apparition de l’image reproductible, le livre s’est offert à elle comme une « demeure naturelle ». The Pencil of Nature de Willliam Henry Fox Talbot paraît en 1844. Tout au long de l’histoire de la photographie, sa capacité à trouver place au sein du livre, au côté du texte, ne s’est ensuite jamais démentie. Des modalités diverses et inventives de mise en page ou d’association des mots et des images ont pu être explorées au fil du temps et au gré des situations géographiques, mais force est de constater que l’alliance est durable, et peut-être plus vivace encore aujourd’hui qu’hier. Si, de nos jours, le médium a trouvé place dans les musées et les galeries, s’il peut être également diffusé sur le web, un nombre croissant d’ouvrages de photographie se trouve produit chaque année. L’offre augmente, même si malheureusement le lectorat est restreint. Le livre se présente comme un espace où le photographe peut articuler un projet complexe, à partir d’une série d’images, de commentaires, en association éventuelle avec divers documents. Contrairement à l’image isolée, il propose une cohérence d’ensemble : il permet à son auteur d’affirmer un propos et d’offrir au lecteur une expérience singulière. Le livre fait échapper la photographie à l’isolement du tirage (lié à un marché de l’art) ; il fait de l’opérateur un auteur et rend possible une diffusion ‒ dont la longévité paraît plus importante que celle de l’exposition. Alors que la presse illustrée s’est aujourd’hui réduite à une peau de chagrin, le livre permet au photographe de développer une vision des choses, à la manière dont un écrivain réalise un « essai ». Il se présente aussi comme un objet symbolique ‒ auquel une valeur est attachée : faire un livre permet aux jeunes praticiens de se faire (re)connaître.

Sans doute faudrait-il élaborer un classement, tant il est d’« espèces de livres » différentes. « Beaux livres » et « livres d’artistes » ‒ qui, les uns comme les autres, peuvent contenir des photographies ‒ diffèrent, ainsi que l’a bien montré Anne Moeglin-Delcroix en 1997 ; ils se distinguent à l’évidence des « catalogues d’exposition ». Mais les « livres de photographies » s’écartent également des « livres de photographes », qui sont conçus par ces derniers. À cela il faudrait ajouter des « livres d’écrivains » où les mots se combinent à des images, mais aussi des « livres de sociologues » ou des « livres de géographes » où une photographie consciente de ses moyens participe de projets de recherche menés selon des méthodes inventives. Et la liste n’est probablement pas close.

Le livre de photographies est une forme d’art autonome, comparable à une sculpture, à une pièce de théâtre ou à un film. Les photographies perdent leur caractère […] d’objets en soi pour devenir les composantes, exprimées à l’encre d’imprimerie, d’une création exceptionnelle appelée livre.

Ralph Prins, 1969

Pour le critique néerlandais Ralph Prins, « [l]e livre de photographies est une forme d’art autonome, comparable à une sculpture, à une pièce de théâtre ou à un film. Les photographies perdent leur caractère […] d’objets en soi pour devenir les composantes, exprimées à l’encre d’imprimerie, d’une création exceptionnelle appelée livre » (1969). La sélection des images a son importance, mais interviennent également la mise en page, la place du texte, le choix du graphisme et de la typographie, le format, la qualité du papier, la reliure, la couverture… La conception et la production du livre repose le plus souvent sur un travail d’équipe où l’éditeur joue un rôle important, le photographe collaborant parfois avec un écrivain, parfois même avec un dessinateur.

Alors que des travaux ont été consacrés à des périodes antérieures, peu d’études concernent spécifiquement la situation contemporaine. Ce colloque s’intéressera au paysage actuel de l’édition photographique, dans sa diversité et son inventivité. L’attention ne se cantonnera pas à un examen de la situation en France, des propositions pourront concerner des maisons d’édition, des collections, des courants ou des livres étrangers. Mais un intérêt particulier sera cependant porté à la manière dont l’édition photographique fonctionne aujourd’hui au sein de l’Hexagone. À côté des quelques grandes maisons d’édition qui abritent des collections concernant la photographie mais qui tendent aujourd’hui parfois à délaisser ce secteur, un certain nombre d’éditeurs plus modestes, mais dynamiques ‒ Filigranes Éditions, Le Bec en l’air, Textuel, Loco, Trans Photographic Press, Créaphis Éditions… réussissent à faire vivre ce domaine. Ils se sont regroupés au sein de la fédération « France PhotoBook » qui vise à valoriser un champ aussi riche que fragile. À côté de cela, les évolutions technologiques permettent à certains photographes de pratiquer l’autoédition. Le secteur de la « microédition » se développe également (des salons lui sont consacrés).

Il s’agira, au cours de ce colloque, de se pencher sur le fonctionnement de l’édition photographique, mais aussi sur sa créativité, en mettant en évidence la qualité des productions contemporaines et les tendances les plus récentes de ce secteur.


Programme


Lieu : École supérieure d’art et de design, Saint-Étienne

Matin
Présidence Elisa Bricco (Université de Gênes) 
9h30 - Accueil – Café 
9h45 – Introduction
10h00 - Pascal Beausse (Centre national desarts plastiques), « Exposer/Éditer : Dayanita Singh, Thomas Mailaender, Valérie Jouve » 
10h35 - Stefan Vanthuyne (Académie royale des Beaux-arts d’Anvers) : « The Photobook After the Phenomenon : What’s Next ». Traduction Rémi Digonnet. 
11h10 - Pause 
11h25 - Lydia Echeverria (Université de Saint-Étienne) : « Émulation autour du livre photographique en France à partir des années 1980 » 
12h00 - Vincent Jarousseau (photographe),« Le roman-photo documentaire pour faire parler la photographie »  
12h45 – Déjeuner   

Après-midi
Présidence Anne-Céline Callens (Université de Saint-Etienne)
14h 45 - Isabelle Le Pape (Bibliothèque nationale de France) : « Les monographies dédiées à la photographie dans les collections de la BnF »
15h 20 - Bruno Goosse (Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles) : « Du début à la fin, mais pas dans cet ordre-là »
15h 55 - Pause
16h 10 - Stéphane Le Mercier (École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne) : « La possibilité d’un atlas »
16h 45 - Gilles Saussier (École nationale supérieure de la photographie d’Arles) : « Danser dans la marge. Mettre en page l’itinéraire. Récit d’une collaboration avec le sociologue Jean-Yves Petiteau » 

Lieu : Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu

Matin 
10h00 - Visite de l’exposition de Mathieu Pernot en compagnie de la commissaire de l’exposition Thaïva Ouaki 11h30 - Alexander Streitberger (Université catholique de Louvain) : « Le livre photographique comme bibliothèque de l’invisible. La Library for Radioactive Afterlife de Susanne Kriemann » 
12h05 - Présentation du livre Delta de François Deladerrière (collections de la bibliothèque municipale de Lyon) 
12h20 - Julie Meyer (Université de Saint-Étienne) : « Le livre Ruins, une relation singulière à la géographie »
12h55 – Déjeuner  

Après-midi 
14h30 - Présentation du livre Géométrie dans les mains de Giuseppe Penone (collections de la bibliothèque municipale de Lyon) 
14h45 - Discussion Julie Noirot (Université Lyon 2) / Léa Habourdin (photographe, éditrice) 
15h30 - Pause 
15h45 - Présentation du livre Cathédrales de Laurence Aëgerter (collections de la bibliothèque municipale de Lyon)    
16h00 - Table Ronde (modération : Danièle Méaux, Julie Noirot)
Céline Pévrier (Éditions Sun/Sun), David Fourré (Éditions Lamaindonne), Pierre Gaudin (Éditions Créaphis), Géraldine Lay (Éditions Actes Sud), Fabien Ribéry (Blog L’intervalle) 

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