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Recherche appliquéeLes énergies renouvelables dans le locatif2012-2013 / EDF
Le changement climatique et l'épuisement des ressources conditionnent fortement l'avenir. Cette situation oblige à des remises en cause profondes des modes de conception et de consommation qui ont été les nôtres jusque-ici. Comment, dans ce contexte, penser les énergies renouvelables ? Quels types de dispositifs dans l'habitat, et notamment dans la location ? Quelle conception et quel design pour ces dispositifs ? La recherche Énergies renouvelables dans le locatif a permis de développer de nouveaux concepts et de nouvelles approches facilitant l'intégration des énergies renouvelables par les habitants locataires.
Les énergies renouvelables occupent une place croissante, tant sur la scène médiatique que sur les agendas politiques de la plupart des gouvernements nationaux et organisations internationales. Cette tendance est généralement expliquée par la hausse des préoccupations écologiques et les incertitudes relatives à l'activité pétrolière. Les particuliers sont eux aussi largement encouragés à l'intégration de ces énergies dans leur habitat. Pour autant le coût et la fixité des installations sont rédhibitoires pour un locataire. L'objectif de la recherche Les énergies renouvelables dans le locatif est de travailler de nouveaux concepts et de nouvelles approches facilitant l'intégration des énergies renouvelables par des habitants locataires.
« Nos Beaux-Arts ont été institués, et leurs types comme leurs usages fixés, dans un temps bien distinct du nôtre, par des hommes dont le pouvoir d'action sur les choses était insignifiant auprès de celui que nous possédons. Mais l'étonnant accroissement de nos moyens, la souplesse et la précision qu'ils atteignent, les idées et les habitudes qu'ils introduisent nous assurent de changements prochains et très profonds dans l'antique industrie du Beau. Il y a dans tous les arts une partie physique qui ne peut plus être regardée ni traitée comme naguère, qui ne peut pas être soustraite aux entreprises de la connaissance et de la puissance modernes. Ni la matière, ni l'espace, ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu'ils étaient depuis toujours. Il faut s'attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par-là sur l'invention elle-même, aillent peut-être jusqu'à modifier merveilleusement la notion même de l'art. Sans doute ce ne seront d'abord que la reproduction et la transmission des oeuvres qui se verront affectées. On saura transporter ou reconstituer en tout lieu le système de sensations, - ou plus exactement, le système d'excitations - que dispense en un lieu quelconque un objet ou un événement quelconque. Les oeuvres acquerront une sorte d'ubiquité. Leur présence immédiate ou leur restitution à toute époque obéiront à notre appel. Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu'un sera, et quelque appareil. Elles ne seront plus que des sortes de sources ou des origines, et leurs bienfaits se trouveront ou se retrouveront entiers où l'on voudra. Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe. Comme nous sommes accoutumés, si ce n'est asservi, à recevoir chez nous l'énergie sous diverses espèces, ainsi trouverons-nous fort simple d'y obtenir ou d'y recevoir ces variations ou oscillations très rapides dont les organes de nos sens qui les cueillent et qui les intègrent font tout ce que nous savons. Je ne sais si jamais philosophe a rêvé d'une société pour la distribution de Réalité Sensible à domicile. »
Paul Valéry, La Conquête de l'ubiquité, 1928
« Nos Beaux-Arts ont été institués, et leurs types comme leurs usages fixés, dans un temps bien distinct du nôtre, par des hommes dont le pouvoir d'action sur les choses était insignifiant auprès de celui que nous possédons. Mais l'étonnant accroissement de nos moyens, la souplesse et la précision qu'ils atteignent, les idées et les habitudes qu'ils introduisent nous assurent de changements prochains et très profonds dans l'antique industrie du Beau. Il y a dans tous les arts une partie physique qui ne peut plus être regardée ni traitée comme naguère, qui ne peut pas être soustraite aux entreprises de la connaissance et de la puissance modernes. Ni la matière, ni l'espace, ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu'ils étaient depuis toujours. Il faut s'attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par-là sur l'invention elle-même, aillent peut-être jusqu'à modifier merveilleusement la notion même de l'art. Sans doute ce ne seront d'abord que la reproduction et la transmission des oeuvres qui se verront affectées. On saura transporter ou reconstituer en tout lieu le système de sensations, - ou plus exactement, le système d'excitations - que dispense en un lieu quelconque un objet ou un événement quelconque. Les oeuvres acquerront une sorte d'ubiquité. Leur présence immédiate ou leur restitution à toute époque obéiront à notre appel. Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu'un sera, et quelque appareil. Elles ne seront plus que des sortes de sources ou des origines, et leurs bienfaits se trouveront ou se retrouveront entiers où l'on voudra. Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe. Comme nous sommes accoutumés, si ce n'est asservi, à recevoir chez nous l'énergie sous diverses espèces, ainsi trouverons-nous fort simple d'y obtenir ou d'y recevoir ces variations ou oscillations très rapides dont les organes de nos sens qui les cueillent et qui les intègrent font tout ce que nous savons. Je ne sais si jamais philosophe a rêvé d'une société pour la distribution de Réalité Sensible à domicile. »
Paul Valéry, La Conquête de l'ubiquité, 1928
L'habitat représente l'un des secteurs les plus énergivores. En France, il atteint 32 % de la consommation d'énergie finale du pays et est également producteur de 23 % des émissions nationales de CO2. Il constitue, de fait, un lieu où la mise en place des énergies renouvelables pourrait permettre une économie énergétique et financière. L'introduction de celles-ci dans l'espace domestique est soutenue par des lois depuis les années 2000 comme les réductions d'impôts sur les dispositifs de photovoltaïques et éoliens, les travaux d'isolation ou les subventions pour l'acquisition d'équipements économes. Même si ces actions ont un impact positif, il faut noter qu'elles sont néanmoins dans la majorité des cas prévues à destination des propriétaires, un fait surprenant lorsque l'on sait que l'habitat locatif équivaut à 42,5 % des foyers français, soit 11,5 millions de ménages (6,5 millions dans le parc locatif privé et 5 millions dans le parc social et collectivités locales). Une étude de l'INSEE de 2007 apporte des précisions sur la composition de ce secteur : les maisons représentent ainsi seulement un quart des logements en location, environ la moitié des locataires occupent un appartement ancien.
Face à ce contexte nécessitant de prendre en compte le bâti existant et la configuration d'espaces à habiter plus réduits, comment favoriser l'intégration des énergies renouvelables dans l'habitat locatif ? Quelles sont les réponses apportées par les designers ? Domestiquer le vent, le soleil, tirer parti de la photosynthèse sont autant de manières d'imaginer un rapport plus direct avec l'énergie.
Face à ce contexte nécessitant de prendre en compte le bâti existant et la configuration d'espaces à habiter plus réduits, comment favoriser l'intégration des énergies renouvelables dans l'habitat locatif ? Quelles sont les réponses apportées par les designers ? Domestiquer le vent, le soleil, tirer parti de la photosynthèse sont autant de manières d'imaginer un rapport plus direct avec l'énergie.
L'état de l'art recense les artefacts les plus innovantes dans le domaine des énergies renouvelables (produits, objets, services, usages émergeants, objets, processus, etc.). Il puise dans les domaines artistique, créatif, technique ou architectural. Cette première étape inclue la production de pistes de recherche.
Illustration tirée de l'état de l'art.
Le sujet des énergies renouvelables dans l'habitat locatif a été peu abordé, quasiment aucune réponse n'a été pensée pour le contexte locatif. Néanmoins des enjeux ont pu être extraits de l'état de l'art : la durée, la géométrie variable, la mobilité, la multiplication des fonctions sur un même objet. En effet, les EnR et le locatif se rejoignent sur la notion d'« adaptabilité » à l'énergie disponible ainsi qu'aux usages des locataires. Si les EnR sont variables, la forme d'un dispositif EnR devrait sans doute l'être aussi.
Pour s'adapter au grand nombre d'habitants non propriétaires, 42 % en France, qui ont peu de moyens ou de place pour s'équiper en EnR, il s'agit de déceler de nouvelles logiques permettant une conception adaptée à ce type de population. Il est en effet possible de transformer le bâtiment de l'extérieur sans en modifier l'intérieur ou, à l'inverse, d'imaginer des modules qui sont installables depuis l'intérieur sans modifier la structure du bâti. Il faudrait faciliter la mobilité des dispositifs EnR pour que, en cas de déménagement, ils puissent s'adapter aux nouvelles conditions. La production de dispositifs à géométrie variable permettrait d'obtenir des modules assemblables et transportables qui puissent s'adapter à divers milieux. Chaque énergie implique sa propre forme.
Une manière prospective d'éviter la consommation électrique serait de considérer le bâti comme un organisme vivant dont les habitants doivent prendre soin et qui évolue avec son environnement. Pour le locatif, resterait alors à imaginer des éléments énergétiques durables ou périssables qui évolueraient dans un cycle énergétique propre aux locataires.
Cette première étape a été dédiée à un recensement des usages dans l'habitat locatif et à les mettre en regard de chacune des énergies renouvelables. Une soixante de propositions ont été imaginées organisée par type d'intervention et selon une échelle de temps du plus proche au plus lointain (à vingt ans).
Pour s'adapter au grand nombre d'habitants non propriétaires, 42 % en France, qui ont peu de moyens ou de place pour s'équiper en EnR, il s'agit de déceler de nouvelles logiques permettant une conception adaptée à ce type de population. Il est en effet possible de transformer le bâtiment de l'extérieur sans en modifier l'intérieur ou, à l'inverse, d'imaginer des modules qui sont installables depuis l'intérieur sans modifier la structure du bâti. Il faudrait faciliter la mobilité des dispositifs EnR pour que, en cas de déménagement, ils puissent s'adapter aux nouvelles conditions. La production de dispositifs à géométrie variable permettrait d'obtenir des modules assemblables et transportables qui puissent s'adapter à divers milieux. Chaque énergie implique sa propre forme.
Une manière prospective d'éviter la consommation électrique serait de considérer le bâti comme un organisme vivant dont les habitants doivent prendre soin et qui évolue avec son environnement. Pour le locatif, resterait alors à imaginer des éléments énergétiques durables ou périssables qui évolueraient dans un cycle énergétique propre aux locataires.
Cette première étape a été dédiée à un recensement des usages dans l'habitat locatif et à les mettre en regard de chacune des énergies renouvelables. Une soixante de propositions ont été imaginées organisée par type d'intervention et selon une échelle de temps du plus proche au plus lointain (à vingt ans).
À partir de l'ensemble des propositions, des regroupements ont été opérées selon le type d'énergie utilisée (le soleil, le vent, l'eau, la terre, le corps, la biomasse) où la fonction obtenue (chauffer, éclairer, alimenter un réseau, etc.). Quatre pistes ont pu être explorées.
1. Comment proposer un système calorifique autonome au sein de l'habitat ?
2. Comment utiliser les énergies renouvelables à l'échelle de l'objet domestique ?
3. Comment combiner des énergies selon les saisons et la localisation de l'habitat ?
4. Comment habiter hors-réseau ? comment mutualiser l'énergie ?
1. Comment proposer un système calorifique autonome au sein de l'habitat ?
2. Comment utiliser les énergies renouvelables à l'échelle de l'objet domestique ?
3. Comment combiner des énergies selon les saisons et la localisation de l'habitat ?
4. Comment habiter hors-réseau ? comment mutualiser l'énergie ?
Justine Andrieu, designer, chercheur-associé
Claire Aubadie-Ladix, designer, chercheur-associé
Marie-Haude Caraës, direction scientifique de la recherche, directrice de la recherche, Cité du design
Isabelle Daëron, designer, chercheur-associé
Blandine Favier, architecte, chargée de mission recherche, Cité du design
François-Xavier Foillard, designer, chercheur-associé
Claire Aubadie-Ladix, designer, chercheur-associé
Marie-Haude Caraës, direction scientifique de la recherche, directrice de la recherche, Cité du design
Isabelle Daëron, designer, chercheur-associé
Blandine Favier, architecte, chargée de mission recherche, Cité du design
François-Xavier Foillard, designer, chercheur-associé
Sébastien Corbin, EDF
Étienne Vallet, EDF
Gilles Rougon, EDF
Étienne Vallet, EDF
Gilles Rougon, EDF
Les Labos, Biennale internationale design Saint-Etienne, 2013.